Chronique ONU
Cinquième Commission : administrative et budgétaire

Une révision des budgets est nécessaire pour entreprendre des réformes

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L'article
John William Ashe, Représentant permanent d'Antigua-et-Barbuda. Président de la Cinquième Commission © Photo Chronique ONU

Lors de la soixantième session de l'Assemblée générale, la Cinquième Commission a examiné les questions budgétaires et administratives, en particulier le budget pour l'exercice biennal 2006-2007 et les mesures de réforme de la gestion.

Le programme de travail a été particulièrement chargé pour donner suite aux décisions prises en septembre lors du Sommet mondial 2005. Même si les documents sur le budget ont été préparés en août, de nombreux points contenus dans le Document final du Sommet mondial avaient des implications budgétaires directes nécessitant une révision des estimations budgétaires par le Secrétariat de l'ONU.

Dans un entretien avec la Chronique ONU, le Président John William Ashe (Antigua-et-Barbuda) a dit que la création d'un nouveau Conseil des droits de l'homme ainsi que celle d'une Commission de la consolidation de la paix étaient deux exemples de décisions adoptées lors du Sommet mondial. " La mise en place de ces organes a des conséquences financières : le personnel du Secrétariat doit superviser leurs fonctions et exercer des fonctions en leur sein. Il faut aussi examiner certaines questions sur la réforme de la gestion, telles que les versements de départ qui ont aussi des conséquences financières - tout cela venant compliquer une session déjà complexe.

L'Assemblée générale a conclu sa session plénière le 23 décembre en adoptant un budget d'un montant de 3,79 milliards de dollars pour l'exercice 2006-2007, y compris une clause qui " à titre exceptionnel ", autorise le Secrétaire général à ne recourir aux dépenses qu'à hauteur de 950 millions de dollars, les fonds restants devant faire l'objet d'une demande ultérieure. Agissant sur une série de résolutions recommandées par la Cinquième Commission, l'Assemblée a indiqué que les dépenses pour 2006 devraient représenter environ 1,9 milliard de dollars et la limitation des dépenses devrait couvrir les besoins des Nations Unies pendant environ six mois.

À la fin octobre 2005, le Secrétaire général Kofi Annan a présenté à la Commission la proposition initiale du budget 2006-2007 d'un montant de 3,608 milliards de dollars. Pour la première fois, le budget a été préparé en conjonction avec un programme biennal plus court - un cadre des programmes des Nations Unies portant sur deux ans. Il a représenté une augmentation de moins de 0,1 % en termes réels par rapport au budget 2005-2005 avant les révisions faites suite aux décisions du récent Sommet. " L'augmentation des ressources dans les domaines prioriatires sera largement financée grâce à la réaffectation des ressources existantes ", a déclaré le Secrétaire général. " Une partie importante du budget continue d'être consacrée au développement du personnel et aux technologies de l'information et maintient notre capacité à gérer les missions politiques spéciales ", a-t-il ajouté. " Notre ordre du jour est très ambitieux mais réalisable ".

La gestion des ressources humaines a été une partie essentielle du budget, la rémunération du personnel représentant 2,2 milliards de dollars. Les 9 538 postes proposés pour 2006-2007 représentent une diminution de 10 postes par rapport à 2004-2005 mais reflètent une augmentation générale de 82 postes professionnels mis en place pour renforcer les domaines clés, contre une réduction de 92 postes du service général.

Le Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a recommandé une meilleure coordination centrale du personnel pour assurer une approche de la planification des ressources pour l'ensemble de l'Organisation plutôt qu'une approche fragmentaire.

" Cette Commission a un rôle central à jouer dans l'évolution de notre Organisation en lui donnant une gestion souple ainsi que le personnel qualifié et motivé dont elle a besoin pour répondre aux défis actuels ", a dit M. Annan.
Il a décrit la réforme de la gestion comme indispensable, dont le but est de " doter le Secrétaire général et le Secrétariat des outils de gestion et des ressources nécessaires pour mener à bien les opérations mondiales complexes " et de conjuguer autorité et responsabilité. " Ensemble, nous pouvons et devons y parvenir ", a-t-il souligné.

Au cours du débat, plusieurs délégations se sont dites concernées par la progression du budget dont le montant atteint 4 milliards de dollars, une augmentation de plus de 50 % par rapport aux deux cycles du budget passés. Toshiro Ozawa (Japon) a mis en garde qu'à moins d'obtenir des résultats concrets en matière de réforme, les États Membres auront beaucoup de difficultés à justifier l'augmentation croissante du budget des Nations Unies.

L'introduction formelle du budget a été suivie par une longue série de consultations informelles alors que les États Membres cherchaient à s'entendre sur un chiffre définitif. " À chaque fois qu'il est question d'argent aux Nations Unies, c'est généralement problématique ", a dit M. Ashe à la Chronique ONU. " De plus, le budget constitue seulement une faible proportion des finances des Nations Unies. Les opérations de maintien de la paix sont coûteuses. Certaines d'entre elles sont extrêmement compliquées et nécessitent un budget de plus de 1 milliard de dollars et, à cause des contributions des États Membres, c'est très compliqué ", a dit le Président de la Commission.

Les ressources extrabudgétaires pour l'exercice biennal 2006-2007 sont estimées à 5,16 milliards de dollars, une augmentation nette d'environ 184,9 millions de dollars, qui seront consacrées à une variété d'activités comprenant la résolution des conflits, l'organisation d'élections, le déminage, la diffusion du droit humanitaire ainsi que les services centraux de soutien et les activités de sensibilisation aux centres régionaux de désarmement.

Pendant la session ordinaire, la Cinquième Commission a de nouveau approuvé le financement de deux Tribunaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, ainsi que les budgets révisés des missions de maintien de la paix en Haïti, en Côte d'ivoire, au Soudan et en République du Congo. Elle a également examiné la situation financière actuelle des missions de maintien de la paix terminées.
Plusieurs délégations ont exprimé leur inquiétude face à la pratique continue d'emprunter de l'argent aux missions de maintien de la paix terminées pour financer les Tribunaux internationaux et les opérations de maintien en cours.

Elizabeth Galvez (Royaume-Uni), au nom de l'Union européenne et des États associés, a attiré l'attention sur les arriérés de contributions plus ou moins permanents des États Membres aux budgets du maintien de la paix, qui atteignent 2 milliards de dollars. Ce problème et l'incapacité de la Cinquième Commission à le traiter efficacement ont été des sujets d'inquiétude, en particulier pour les pays fournisseurs de contingents qui ne recevraient pas leur remboursement à temps ou dans sa totalité.

Frances Lission (Australie), au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande, a regretté que plusieurs membres permanents du Conseil de sécurité, qui avaient une position privilégiée, en particulier concernant les opérations de maintien de la paix, soient parmi ceux qui n'avaient pas versé leurs contributions.

Selon les estimations présentées par le Contrôleur des Nations Unies, Warren Sach, les sommes dues aux pays ayant fourni des contingents et du matériel totaliseraient 779 milliards de dollars à la fin 2005. Il a indiqué qu'en octobre 2005, la situation financière de l'Organisation était meilleure qu'à la fin 2004, ajoutant que les projections pour le budget ordinaire et les Tribunaux internationaux à la fin 2005 étaient également positives, malgré le fait qu'en octobre 2005 les arriérés représentant un tiers du budget ordinaire étaient toujours impayés, les États-Unis en cumulant 80 %.

" Comme toujours, la situation financière des Nations Unies tend à être au mieux précaire, au pire catastrophique ", a dit M. Ashe à la Chronique. " Arriver à ce que les États Membres versent leur quote-part dans leur totalité et à temps, c'est beaucoup demander, et je ne pense pas que cela sera près de se produire. " En raison des divergences sur l'adoption du budget, le Secrétaire général a décidé d'annuler son voyage en Chine prévu au début de décembre afin de travailler avec les États Membres pour s'assurer que le budget sera approuvé.

" Nous considérons qu'il n'est pas raisonnable d'adopter un budget de deux ans avant que les États Membres ne prennent toutes les décisions nécessaires pour mettre en œuvre les réformes importantes, notamment un examen des mandats ", a déclaré l'Américain John Bolton. Au lieu, il a proposé d'adopter un budget pour trois à quatre mois au cours desquels les États Membres pourraient réexaminer les mandats du Secrétariat et les règlements de l'ONU. Toutefois, cela posait un problème sérieux car, en fonction du modèle de paiement normal où certains États ne versent leurs contributions qu'à la fin de l'année, il y aurait le risque d'un manque de liquidités de près de 320 millions de dollars pour boucler le budget du premier trimestre 2006.

D'autres questions traitées en 2005 par la Cinquième Commission comprenaient les efforts menés pour renforcer et faciliter les travaux des organes de surveillance et de planification des Nations Unies, tels que le Comité des commissaires aux comptes de l'ONU, le Bureau des services de contrôle interne, le Corps commun d'inspection et le Comité du programme et de la coordination, les nominations dans les organes subsidiaires, l'application des recommandations pour réformer les cinq grandes commissions régionales des Nations Unies et les politiques concernant les voyages du personnel de l'ONU.

Améliorer la sûreté et la sécurité des Nations Unies

La création du Département de sûreté et de sécurité (DSS) aux Nations Unies en décembre 2004, suite à l'adoption de la résolution 59/276, a été la décision la plus importante de la cinquante-neuvième session de l'Assemblée générale. Un an après, la Cinquième Commission a examiné ce qui a été accompli sous ce nouveau directorat constitué de la réunion de trois structures distinctes chargées de la sécurité du personnel : le Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité, les Services de sécurité et de sûreté et la section du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) chargée de la sécurité.

David Veness, secrétaire général adjoint du Département de sûreté et de sécurité, a dit à la Commission que sa priorité principale était de créer des services de sécurité excellents et souples pour aider l'ONU à mener à bien ses mandats et ses activités dans les parties du monde les plus difficiles. La création du Département comprenait la mise en place de nouvelles politiques, procédures et techniques en matière de sécurité, en particulier les relations avec les gouvernements hôtes - assurer l'efficacité opérationnelle sur le terrain - et le regroupement des fonctions de sécurité exercées par d'autres services.

Face à une forte montée des menaces et des risques, une réforme fondamentale des politiques, des procédures et des pratiques touchant à la sécurité est nécessaire. Un groupe de terroristes internationaux a ouvertement désigné les Nations Unies comme leur ennemi et leur ferait subir d'importantes pertes en vies humaines si elles ne renforçaient pas leurs défenses, a affirmé M. Veness, rendant d'autant plus crucial d'améliorer le système de gestion de la sécurité.

L'objectif immédiat du nouveau Département est de mettre à jour tous les aspects de la sécurité physique, allant de l'installation de grilles et de barrières au contrôle d'accès en passant par la préparation et la réponse aux situations d'urgence dans les locaux du Secrétariat. Il collabore également étroitement avec les secrétariats des directeurs généraux et de directeurs exécutifs pour assurer la sécurité dans leurs bureaux extérieurs. Des systèmes de gestion intégrée de la sécurité ont déjà été mis en place pour les missions à haut risque comme en Afghanistan, en Irak, au Kosovo et au Soudan. Les équipes DSS/DOMP se sont récemment rendues en Haïti, en République démocratique du Congo et en Côte d'Ivoire pour mettre en place une structure de sécurité intégrée similaire.

La Cinquième Commission a évalué les efforts menés pour renforcer et uniformiser le système de sécurité de l'ONU, y compris la création de 383 nouveaux postes de sécurité, dont 134 temporaires, soit un total de 1 775 postes. À propos du recrutement, M. Veness a affirmé que 6 000 demandes avaient été examinées et que des centaines d'entretiens d'une heure avaient été réalisés. Il a assuré la Commission que son Département avait " fait tout son possible et épuisé toutes les ressources " pour remplir ses responsabilités avec le système de l'ONU, y compris assurer la répartition géographique équitable des nouveaux postes. Toutefois, en raison de retards dans le processus de recrutement, les nouvelles nominations au siège de l'ONU et sur le terrain ne seront probablement pas terminées avant juin 2006.

Le Secrétaire général a déclaré dans un rapport que " des progrès considérables avaient déjà été accomplis dans la mise en place d'un système de gestion de la sécurité pour l'ensemble des organismes de l'ONU qui assure la cohérence, l'efficacité en matière de protection de notre personnel ". L'immense tâche de rendre le DDS opérationnel en 2005 a été réalisée. En 2006, des progrès notables devraient donc être observés en matière de renforcement et de coordination de la sécurité dans tous les postes de l'ONU.
-Sally Bolton



 

 

 
 
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