Chronique ONU

LA SANTÉ MENTALE
" Non à l'exclusion, oui aux soins "

Par Erika Reinhardt

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L'article

Les personnes atteintes de maladie mentale sont le segment le plus vulnérable de la société et ont besoin de protections spéciales. Dans de nombreux pays, elles vivent seules ou avec leur famille, sans aucune aide de l'État et l'absence de services communautaires les tient à l'écart de la société. Faisant souvent face à l'isolement et à la stigmatisation, elles sont victimes de discrimination en matière d'éducation, d'emploi et de logement, ce qui affecte leur capacité à avoir accès à des soins adaptés, à s'intégrer dans la société et à guérir. Dans certains pays, elles n'ont pas le droit de voter, de se marier et d'avoir des enfants.

Plus de 450 millions de personnes dans le monde sont atteintes de problèmes mentaux, neurologiques ou comportementaux. Dans de nombreuses institutions psychiatriques, leurs droits sont bafoués, les soins et les traitements sont inadéquats, dégradants et dangereux et leurs conditions de vie sont inhumaines et peu hygiéniques. Près d'un quart des pays sont dépourvus de législation dans le domaine de la santé mentale.

Dans le cadre de l'effort mené pour aider les pays à élaborer une législation progressiste en matière de santé mentale, l'Organisation mondiale de la santé a publié en 2005 l'Ouvrage de référence sur la santé mentale, les droits de l'homme et la législation, qui offre aux pays un nouvel outil juridique pour aborder ces questions. Il a été rédigé avec le concours de centaines de spécialistes et de responsables dans les domaines de la psychiatrie, de la psychologie, du droit et des droits de l'homme, ainsi que des représentants des usagers des services de santé mentale, des familles et des organisations non gouvernementales. Cet ouvrage examine également les normes en matière de droits de l'homme et sert de guide en vue d'aider les pays à intégrer certaines questions dans leurs lois nationales, y compris des stratégies pour faciliter le développement et l'application des lois. " Nous avons l'obligation morale et juridique de moderniser la législation en matière de santé mentale. L'OMS est prête à aider ses États Membres à assumer leurs responsabilités en leur offrant un soutien technique et les conseils d'experts ", a déclaré le directeur général, Lee Jong-wook.

La législation permet de codifier et d'intégrer les principes, les valeurs et les objectifs fondamentaux des politiques et des programmes de santé mentale. Elle doit veiller à ce que les personnes atteintes de troubles mentaux soient informées de leurs droits lorsqu'elles font appel aux services de santé mentale et que leur droit à la confidentialité soit respecté; qu'elles aient le droit d'accéder librement et totalement à leurs dossiers cliniques; et qu'elles soient protégées contre les traitements cruels, inhumains et dégradants dans les institutions psychiatriques. De plus, la législation devrait également définir le niveau d'expérience et de compétences nécessaires pour déterminer les troubles mentaux et délimiter les groupes professionnels autorisés à le faire. Elle peut permettre l'isolement et la contention lorsqu'il n'existe aucun autre moyen de prévenir tout préjudice immédiat ou imminent au patient ou à autrui. Le consentement en connaissance de cause pour la participation à la recherche clinique ou expérimentale doit être obtenu de tous les malades qui ont la capacité de consentir. De son côté, le système judiciaire doit privilégier le traitement à l'incarcération pour les délinquants atteints de maladie mentale.

Contexte de la législation en matière de santé mentale

  • La législation sur la santé mentale fournit un cadre juridique pour l'étude de questions cruciales de santé mentale telles que l'accès aux soins, à la réadaptation et aux soins de suivi, l'intégration complète des personnes atteintes de troubles mentaux dans la société et la promotion de la santé mentale dans différents secteurs de la société. Elle doit prévoir des dispositions pour développer des services de soins de suivi et de réadaptation.
  • La législation progressive sur la santé mentale est plus qu'une simple législation de soins et traitements. Elle devrait intégrer la protection des droits de l'homme. Les gouvernements sont tenus de respecter, de promouvoir et de protéger les droits fondamentaux des personnes atteintes de troubles mentaux.
  • Les législations devraient améliorer l'accès aux soins de santé mentale et permettre d'atteindre les objectifs de santé publique et des politiques de santé.
  • Les lois peuvent néanmoins influer sur l'allocation des ressources, par exemple, en incluant une disposition sur le droit à la santé physique, en précisant de nouvelles exigences de service qui peuvent nécessiter un financement supplémentaire ou la réorientation des fonds existants, et en énonçant la nécessité de la création de comités ou de tribunaux de révision de la santé mentale.
  • La législation peut encourager l'introduction d'interventions de santé mentale dans les environnements de soins de santé primaires.
  • En définissant des critères de répartition des services basés sur les besoins, la loi sur la santé mentale peut contribuer à réduire les disparités géographiques et segmentaires dans la prestation des services. La législation doit aussi encourager l'accès aux conseils, aux différentes psychothérapies et à la réadaptation professionnelle.
  • Dans les pays qui ont des plans d'assurance maladie, la législation doit veiller à ce que les personnes atteintes de troubles mentaux puissent obtenir une couverture suffisante.
  • En mettant en œuvre le principe de " l'environnement le moins restrictif ", la législation peut promouvoir les soins à base communautaire pour les troubles mentaux et réduire les placements d'office dans les établissements de santé mentale, en particulier les placements de longue durée.
    (Pour plus d'information, visitez le site www.who.int/menta_health/policy/en/)

 

 
 
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