Avec 9 500 participants, y compris le Secrétaire général
adjoint de l'ONU et le Premier ministre canadien, ainsi qu'un nombre
record de gouvernements, de représentants du monde de l'activisme
écologique et du milieu des affaires ainsi que des organisations
non gouvernementales, la Conférence des Nations Unies sur
les changements climatiques, qui s'est tenue à Montréal,
au Canada, du 28 novembre au 10 décembre, a été
l'une des plus grandes conférences jamais organisées
pour traiter cette question. Ce fut également une étape
historique puisque ce fut la première fois que les parties
se sont réunies, depuis l'entrée en vigueur du Protocole
de Kyoto le 16 février 2005. En vertu de ce traité,
plus de 30 pays industrialisés sont tenus d'atteindre des
objectifs de réduction d'émission spécifiques
et exécutoires.
Les résultats de la Conférence ont été
au-delà des attentes. Une série de décisions
définissant les préceptes constitutionnels du Protocole
de Kyoto ont été adoptées, rendant le traité
pleinement opérationnel. Le comité de respect des
dispositions a été établi, et ses membres élus.
Avec l'adoption du règlement du Protocole, appelé
les " Accords de Marrakech ", les trois mécanismes
ont été officiellement approuvés. Les deux
premiers concernent l'échange de permis d'émissions
et la mise en uvre conjointe, qui sont limités aux
pays développés, tandis que le troisième -
le mécanisme de développement propre (MDP) - est un
instrument unique qui a un double objectif : soutenir le développement
durable dans les pays en développement par des investissements
privés et le transfert de la technologie et aider les pays
industrialisés à atteindre leurs propres objectifs
de réduction.
Parmi les autres progrès notables, figure l'adoption d'un
programme de travail quinquennal établissant une base technique
pour mieux faire face aux conséquences du changement climatique.
Des accords ont été également conclus pour
aider financièrement les pays en développement à
s'adapter aux changements. Autre résultat important : l'adoption
d'une approche à deux volets pour déterminer les directions
futures de l'action mondiale concernant le changement climatique,
l'une impliquant les 157 parties au Protocole de Kyoto, l'autre
les 189 parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur
le changement climatique (CCNUCC).
Le marché mondial du carbone, créé par le
Protocole de Kyoto, est sorti renforcé de la Conférence
de Montréal. La décision d'ouvrir des négociations
sur les engagements au-delà de 2012 a fourni au marché
une perspective à long terme qui encourage les investissements
donnant des résultats concrets. Les États-Unis, qui
ne sont pas parties au Protocole, maintiennent depuis des années
que le moment n'est pas venu d'engager de nouvelles négociations
sur le changement climatique. Suite aux discussions et à
l'élan suscité par le Sommet mondial 2005 et la réunion
du G-8, ils ont cependant accepté de participer à
un processus de dialogue sur la coopération à long
terme et la mise en uvre de la Convention.
Le changement climatique pose un problème mondial qui appelle
une solution mondiale - avec la participation de tous les acteurs.
L'engagement de tous les pays dans le processus de dialogue devrait
déboucher sur de nouvelles idées intéressantes,
qui pourraient aider à réduire les émissions
de gaz à effet de serre. Comme les grands pays industrialisés,
les grands pays en développement ont participé activement
aux discussions mais ont vivement soutenu leur position selon laquelle
il n'était pas encore temps de discuter des engagements de
la part des pays en développement et de leurs objectifs.
Ils se sont cependant montrés plus ouverts sur les actions
qu'ils pourraient entreprendre pour limiter l'évolution des
émissions dans leurs pays, avec l'appui d'une aide financière,
le transfert de la technologie et les mécanismes de marché.
Alors qu'on constatait, il y a peu de temps, une certaine réticence
à engager des discussions, il existe aujourd'hui une préoccupation
grandissante sur la gravité du problème concernant
le changement climatique, ses conséquences se faisant sentir.
Les pays doivent et veulent trouver ensemble des solutions. Les
discussions et les résultats de la Conférence de Montréal
devraient les encourager. Ils ont démontré leurs préoccupations
et la vigueur avec laquelle ils ont mis en place des mesures pour
tenter de limiter leurs propres émissions - et ce, aux niveaux
local et des entreprises et, dans certains pays, au niveau régional.
On assiste aussi à un élargissement du consensus
scientifique. Le public est de plus en plus conscient du problème
et, dans une certaine mesure, de ce qu'il faut faire et ce qui peut
être fait pour traiter du changement climatique. Nous faisons
face à un défi de taille : celui de réaliser
d'importantes réductions au cours des 50 prochaines années.
Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter
et des changements sociaux et économiques importants sont
nécessaires pour apporter une solution durable au problème.
Tous les pays devront développer de nouvelles politiques
économiques durables et adopter des modes de vie différents.
Le monde a commencé à se tourner dans cette direction
mais il reste encore un long chemin à parcourir. Le renforcement
de la coopération multilatérale par le biais de la
CCNUCC jouera un rôle crucial dans ce changement. La Conférence
de Montréal marque le début d'une nouvelle phase dans
ce long voyage.
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