La vie d'au moins 100 millions d'habitants de taudis sera améliorée
de manière significative d'ici à 2020 si la promesse
de l'Objectif 7 des Objectifs du Millénaire pour le développement
- assurer un environnement durable - est tenue. Si la seule pensée
d'y parvenir est très encourageante, le travail qui reste
à faire est décourageant.
Dans un rassemblement de solidarité, plus de 10 000 universitaires,
institutions non gouvernementales, urbanistes, collectivités
locales et groupes communautaires se sont réunis à
Vancouver, au Canada, pour la troisième session du Forum
urbain mondial (FUM III). Le thème central - " Notre
avenir : des villes durables - Passer des idées à
l'action " - est un appel à la communauté internationale
pour qu'elle investisse rapidement dans le développement
urbain durable.
Du 19 au 23 juin 2006, les participants ont débattu de la
prolifération des taudis urbains et mis au point des stratégies
pour y remédier. Organisé par le Programme des Nations
Unies pour les établissements humains (ONU-HABITAT) et le
gouvernement canadien, le Forum a présenté 150 manifestations
autour de trois grands thèmes : la croissance et la gestion
urbaines, les partenariats et le financement, l'inclusion et la
cohésion sociales, avec la participation du Forum mondial
de la jeunesse ainsi que des concerts hip-hop conçus pour
attirer les jeunes et les étudiants, des expositions, des
peintures, des films, des publications et des modèles architecturaux,
tous abordant d'une façon ou d'une autre la nécessité
d'assurer un développement durable. En outre, nombre de pays
ont présenté des projets d'urbanisation durable, des
études de cas et des manifestations culturelles.
Des
débats et des tables rondes ont été organisés
pendant la semaine à l'intention de personnalités
et de partenaires clés. La session plénière
a été ouverte par un discours du Premier ministre
canadien, Stephen Harper, et conclue avec la présentation
d'un rapport sur les domaines essentiels. Les séances de
dialogue ouvert et plus de 160 séances de networking ont
traité un grand éventail de questions pertinentes,
telles que les sources d'énergie urbaine, les transports
durables, le logement convenable et la réalisation des OMD.
Selon les experts, les villes sont le moteur des économies
nationales, génèrent le développement, créent
des marchés et offrent plus de services. En conséquence,
les citadins jouissent d'une meilleure santé, leur niveau
d'études est plus élevé et le revenu par habitant
est supérieur à celui des régions rurales.
Cependant, les données récentes indiquent que ce progrès
est entravé par la pollution, l'insécurité
de l'habitat, les maladies, l'extrême pauvreté et les
inégalités sociales.
Le Rapport 2006/2007 sur l'état des villes dans le monde,
présente pour la première fois des données
ventilées comparant les taudis dans les régions rurales
et les régions urbaines aux revenus plus élevés.
Il révèle que les habitants de taudis meurent jeunes,
la majorité d'entre eux n'ont pas accès à l'éducation
et, dans plusieurs pays à revenu faible, quatre enfants sur
dix vivant dans des taudis souffrent de malnutrition. Pour répondre
à cette situation, les ministres gouvernementaux, les universitaires
et les urbanistes ont cherché, lors de table rondes, "
comment mieux gérer les villes " pour le bénéfice
des populations urbaines et de l'environnement.
Autre sujet qui a reçu une attention importante au forum
: la croissance des " mégapoles ". Le rapport indique
que 19 villes comptaient une population de plus de 10 millions d'habitants
en 2000, chiffre qui devrait passer à 23 villes d'ici à
2015. Les inconvénients de l'urbanisation sont plus importants
dans les mégapoles des pays en développement, comme
Lagos, Dhaka, Buenos Aires, Calcutta et Jakarta. Cette contrainte
sur l'environnement a été bien documentée.
La pollution a également retenu l'attention des chercheurs
de l'United States National Aeronautics and Space Administration
(NASA), qui a entrepris une étude sur le terrain intitulée
" L'impact des mégapoles sur les environnement régionaux
et mondiaux " (MIRAGE) afin d'évaluer l'impact de la
pollution de l'air des mégapoles sur la santé humaine
et le climat.
La pollution de l'air dans les villes tue chaque année 3
millions de personnes, tandis qu'un million d'enfants meurent à
cause de la pollution à l'intérieur des habitations
due principalement à l'emploi de carburants issus de la biomasse,
comme le bois de chauffage, le charbon de bois, les résidus
de récolte et la bouse de vache. La pollution de l'eau, le
manque de services d'assainissement et l'évacuation inadéquate
des déchets sont aussi des problèmes environnementaux
répandus. Selon le rapport 2000 d'ONU-HABITAT, plus de 830
millions de personnes dans la région Asie-Pacifique n'avaient
pas accès à l'eau salubre et plus de 2 milliards à
des services d'assainissement. Pour l'Afrique subsaharienne, les
résultats étaient encore plus négatifs : en
2000, plus de 300 millions de personnes n'avaient pas accès
à l'eau salubre et plus de 500 millions à des installations
d'assainissement adéquates.
La situation des femmes et des enfants, qui constituent la vaste
majorité des habitants des taudis urbains, a également
été abordée lors du Forum. Aujourd'hui, la
plupart des grandes villes s'efforcent de trouver des solutions
à long terme aux disparités sociales causées
par l'inégalité des sexes. " L'amélioration
des taudis c'est aussi l'autonomisation des femmes - donner des
droits fonciers aux femmes et reconnaître leurs efforts, supprimer
les désavantages hérités du passé et
reconnaître que la majorité des habitants de taudis
sont les femmes et les enfants qu'elles élèvent -
les femmes qui se retrouvent seules à faire face aux problèmes
de la vie quotidienne ", a dit à la Chronique ONU la
directrice exécutive d'ONU-HABITAT, Anna Tibaijuka.
Dans les séances de formation, les professionnels de l'urbanisme
et les organisations communautaires ont débattu des droits
des femmes et de la dégradation de l'environnement ainsi
que des sujets intitulés " Localisation des OMD ",
" Gestion de la qualité de l'air dans votre ville ",
" Gouvernance inclusive dans les villes en conflit " et
" Surmonter les obstacles : le logement et le VIH/sida ".
Selon Mme Tibaijuka, " dans les 30 prochaines années,
la population urbaine dépassera largement la population rurale
dans le monde. Si la tendance actuelle continue, l'extrême
pauvreté urbaine doublera durant cette période pour
atteindre 2 milliards de personnes. L'urbanisation doit être
reconnue comme une partie intégrante des changements structurels
qui accompagnent le développement économique ".
À propos de l'organisation du Forum urbain mondial, elle
a rendu hommage à ONU-HABITAT qui a réussi à
mobiliser un grand nombre de participants, indiquant que le défi
pour elle était de transformer cette sensibilisation en financements
financiers. " En regardant en arrière, je constate que
nous avons réussi, au cours des cinq dernières années,
à placer les questions ayant trait aux taudis urbains dans
le domaine public, ce qui n'était pas le cas. Nous avons
amélioré l'organisation, qui n'était qu'un
petit centre sans pouvoir ni visibilité, et passons maintenant
à l'étape suivante, qui est de renforcer les mécanismes
de financement. Car améliorer les logements et l'infrastructure
urbaine est une tâche qui nécessite des ressources
importantes et la participation du secteur privé. "
Mais pour que cela se fasse, a-t-elle expliqué, " nous
devons faire un travail de sensibilisation ", et diffuser l'information
pour mobiliser le soutien. " Sans statistiques -les données
ventilées -, il sera impossible d'orienter les politiques
et les ressources d'investissements dans la bonne direction. Mais
sans informations, on ne peut gérer un calendrier ",
a-t-elle ajouté.
S'appuyant sur une approche à deux volets - intégration
et prévention - les responsables d'ONU-HABITAT cherchent
à éliminer les taudis en améliorant ceux qui
existent et en empêchant la formation de nouveaux par une
meilleure planification urbaine et une meilleure supervision. Le
Forum urbain mondial - un lieu pour partager les meilleures pratiques
- s'est développé à une vitesse éclair
: 1 200 participants à la première réunion,
4 000 à Barcelone et, cette année, plus de 10 000
à Vancouver. Et le prochain rendez-vous en 2008 a déjà
été confirmé : Nanjing, en Chine. " Au
Forum de Vancouver, nous évaluons la situation de 1976 à
nos jours. Il est clair qu'il n'y avait pas un milliard de taudis
en 1976. Alors que nous entrons dans le millénaire urbain,
"nous ne pouvons accepter le statu quo, nous devons nous mobiliser
pour changer les conditions de ceux qui vivent dans les taudis urbains"
", a-t-elle conclu.
Pour plus d'informations, veuillez visiter le site du Forum mondial
urbain III (www.unhabitat.org/wuf/2006).
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