Craignant que
certaines questions continuent de ne pas bénéficier
d'une attention soutenue de la part des médias ou de
disparaître de l'écran-radar, le Département
de l'information des Nations Unies a dévoilé
une nouvelle liste de " Dix sujets dont le monde devrait
entendre parler davantage ". " Les médias
et l'ONU ont un intérêt commun à communiquer
au public des informations sur ce qui se passe dans le monde
", estime Shashi Tharoor, Secrétaire général
adjoint à la communication et à l'information.
" Mais les journalistes sont souvent inondés de
sujets qui se disputent leur attention et celle du public.
Notre but est de leur montrer la voie pour que des sujets
importants ne disparaissent pas des gros titres. "
Comme pour les années précédentes,
la liste de 2006 couvre un large éventail de questions
et de lieux géographiques. Certains sont relatifs à
des situations humanitaires et de conflit urgentes et préoccupantes
(comme en République démocratique du Congo et
au Népal), tandis que d'autres abordent des domaines
essentiels comme les droits de l'homme (le droit d'asile,
le problème des enfants incarcérés) et
le développement (le Liberia et l'eau en tant que ressource
partagée). La classification des questions traitées
n'est pas destinée à refléter leur importance
relative. Certains sujets se concentrent sur des conflits
qui ont fait la une des médias, mais mettent en lumière
une perspective qui n'est pas souvent évoquée.
L'initiative, lancée d'abord en 2004, n'est pas destinée
à être représentative du programme de
l'Organisation.
|
LIBERIA
Les défis du développement après des années
de guerre civile
Parcourant un chemin semé d'embûches pour effectuer
la transition à la suite d'une guerre sanglante vers une
paix durable et le développement, le pays fait face à
des défis monumentaux qui échappent souvent à
l'attention des médias internationaux.
" LOST IN MIGRATION "
Les défis des demandeurs d'asile dans un contexte de lutte
contre l'immigration clandestine
Dans le contexte de flux migratoires et de préoccupations
croissantes en matière de sécurité, le principe
d'asile a besoin d'être protégé, tandis que
la ligne s'estompe entre les victimes fuyant les persécutions
et les immigrants à la recherche d'une vie meilleure.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
La situation humanitaire à l'approched'élections historiques
Tandis que le monde salue la volonté du peuple et des dirigeants
congolais de faire un pas crucial en vue de la transition d'une
guerre civile sanglante vers la paix et la démocratie, il
ne faut pas oublier les difficultés considérables
auxquelles le pays dévasté fait face.
LA TRAGÉDIE CACHÉE DU NÉPAL
Des enfants pris dans le conflit
Pris dans la violence qui ravage le pays depuis plus de dix ans,
les enfants népalais sont souvent les victimes oubliées
du conflit, leur fardeau étant exacerbé par la pauvreté
et les sévices.
SOMALIE
L'insécurité exacerbe les conséquences de la
sécheresse
Dans le contexte d'un processus de paix fragile et de perspectives
encourageantes pour la réconciliation, l'insécurité
persistante dans plusieurs régions du pays présente
des défis croissants sur le front humanitaire, tandis que
la Somalie lutte contre les effets de la pire sécheresse
qu'elle a connue en dix ans.
RÉFUGIÉS EN SITUATION D'EXIL
PROLONGÉ
Des millions de réfugiés sans espoir de solution
Si les situations d'urgence concernant les réfugiés
font souvent la une, les difficultés rencontrées par
des millions de personnes qui attendent souvent en exil depuis des
années, voire des décennies, demeure une situation
peu médiatisée, bien que présentant de grands
risques, avec de graves conséquences sur les plans humanitaire
et sécuritaire.
SÉISME EN ASIE DU SUD
Le défi de la reconstruction
À la suite d'un effort de secours qui a été
couronné de succès et qui a contribué à
éviter de nouvelles pertes en vies humaines dans les régions
dévastées par le séisme, la communauté
humanitaire est confrontée à une nouvelle tâche
fondamentale : aider des centaines de milliers de personnes laissées
sans abri et dans le plus grand dénuement à retrouver
des moyens de subsistance.
DERRIÈRE LES BARREAUX, HORS D'ATTEINTE
Les enfants maintenus abusivement en détention
Malgré d'importants progrès dans les efforts internationaux
visant à assurer un environnement protecteur pour les membres
les plus jeunes de la société, un nombre alarmant
d'enfants dans plusieurs régions du monde sont détenus
sans justification suffisante, souvent pour des délits qui
ne sont pas considérés comme étant des crimes
quand ils sont commis par des adultes.
DES GUERRES DE L'EAU À LA COOPÉRATION
Explorer les possibilités de consolidation de la paix à
partir d'une ressource partagée
Malgré la perception largement répandue selon laquelle
les bassins d'eau partagés par les pays ont tendance à
engendrer de l'hostilité plutôt que des solutions de
collaboration, l'eau est souvent une ressource inexploitée
en vue d'une coopération fructueuse.
COTE D'IVOIRE
Les " médias de la haine " constituent une menace
pour la paix et la réconciliation
Tandis que la Côte d'Ivoire se prépare aux élections
d'octobre, qui ont été reportées depuis 2005,
le pays est au bord du gouffre, avec la crainte qu'une reprise de
la violence ne détruise les progrès en vue de la réconciliation
nationale. Les " médias de la haine " jouent sur
les craintes des gens, alimentant la violence, et constituent une
menace principale à la paix et à la réconciliation.
LIBERIA
Les défis du développement après des années
de guerre |
Tandis que le Liberia sort des ténèbres d'une guerre
civile dévastatrice de 14 ans, les répercussions de
son histoire passée de haine ethnique, de violence et de
corruption, ainsi que l'arrestation pour crimes de guerre de l'ancien
Président Charles Taylor, tendent à attirer une attention
médiatique considérable. Il existe cependant un aspect
tout aussi crucial, lié aux immenses défis auxquels
le pays est confronté dans ses efforts visant à instaurer
un semblant de normalité dans un État défaillant
dépourvu de services publics. La mauvaise gestion économique,
la corruption du gouvernement, les abus administratifs et l'effondrement
de l'infrastructure ont été aggravés par l'impact
socio-économique et humanitaire des sanctions.
L'importance de ces efforts peut être difficilement surestimée
étant donné que tout progrès en vue d'une plus
grande stabilité et sécurité est tributaire
de la rapidité avec laquelle les services de base seront
restaurés et le moteur économique relancé.
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La
MINUL aide le Liberia à préparer les élections.
PHOTO ONU/ERIC KANALSTEIN |
" L'expérience nous a enseigné que des efforts
incomplets dans la consolidation de la paix sont souvent le prélude
à une reprise du conflit ", déclare M. Alan Doss,
Représentant spécial du Secrétaire général
Kofi Annan dans le pays et chef de la Mission des Nations Unies au
Libéria (MINUL), qui a joué un rôle essentiel
dans la stabilisation du pays et qui demeure une force clef pour ce
qui est de jeter les bases d'une paix et d'une stabilité durables.
La Présidente Ellen Johnson-Sirleaf, première femme
à occuper ce poste en Afrique et qui a remporté les
élections récentes organisées par l'ONU, est
confrontée à des tâches pressantes tandis que
le pays essaie de surmonter le traumatisme de la longue guerre civile
et de poursuivre son programme de développement. Cela comprend
la réinsertion des anciens combattants, la réinstallation
des personnes déplacées à l'intérieur
du pays et le retour des réfugiés, la création
d'emplois et autres possibilités de créer des revenus,
la réparation et le réaménagement de l'infrastructure
détruite pendant la guerre, la restructuration et la réforme
des forces armées et de police, la consolidation de l'autorité
de l'État sur l'ensemble du pays et les travaux de la Commission
Vérité et réconciliation. Une solution majeure
à la croissance des revenus est la mise en place de mécanismes
permettant de satisfaire les conditions en vue de lever les sanctions
imposées par l'ONU sur les exportations de bois et de diamants,
qui pourraient assurer des recettes en vue de la reconstruction
nationale et du relèvement économique.
- Le Liberia vacille sous le poids d'une
dette externe de 3,7 milliards de dollars, d'un PIB qui,
d'après les estimations, a baissé de 90 %
de 1 269 $ en 1980 à 163 $ en 2005 et d'un taux de
chômage de plus de 80 %.
- Les services collectifs ne sont pas assurés
et la vaste majorité des Libériens n'ont pas
accès à l'eau, à l'électricité
et aux installations d'assainissement de base, ou encore
à des soins de santé. La plupart des services
médicaux sont dispensés par des organisations
non gouvernementales et des organismes de l'ONU.
- Les routes et les ponts, qui sont nécessaires
à l'ouverture des marchés, à la croissance
de l'emploi, à la viabilité de l'accès
humanitaire aux régions rurales et à l'élargissement
d'une protection générale de l'environnement,
ont grand besoin d'être réparés. Tandis
que les ingénieurs de la MINUL et les membres de
l'équipe de pays de l'ONU ont entrepris des travaux
de réaménagement sur d'importants réseaux
routiers pour faciliter le retour des personnes déplacées
et des réfugiés, il faut en faire beaucoup
plus.
- Le système éducatif a été
dilapidé, avec une pénurie d'enseignants qualifiés
et de ressources disponibles pour reconstruire les bâtiments
scolaires.
- Le Liberia n'a pas de système judiciaire
efficace opérationnel; hormis dans la capitale, Monrovia,
la plupart des tribunaux ont été détruits
et la pratique de l'ordalie (" jugement par épreuve
divine ") est courante. La culture d'impunité
qui a évolué en l'absence de justice doit
être remplacée par le respect des droits de
l'homme et par un État de droit.
- Durant la guerre civile, les ressources
humaines du pays ont pâti d'une " fuite des cerveaux
" et de décès liés à la
crise. L'infrastructure socioéconomique vitale a
été détruite tandis que la mauvaise
gouvernance, le détournement de fonds, la contrebande
des ressources naturelles et la mauvaise gestion économique
ont fait des ravages.
- À la fin de la guerre civile, on
a recensé 314 000 personnes déplacées
sur le plan interne dans le pays et 340 000 réfugiés
inscrits auprès du HCR dans les pays voisins. Si
le processus de retour des personnes déplacées,
soutenu par l'ONU, a pris fin en avril 2006 et si la majorité
des réfugiés sont retournés dans leur
pays, la tâche de réinstallation continue,
tandis que ces personnes essaient de reconstruire leur vie
et leurs communautés.
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" LOST IN MIGRATION
"
LES DEFIS DES DEMANDEURS D'ASILE DANS UN CONTEXTE DE LUTTE CONTRE
L'IMMIGRATION CLANDESTINE |
Au cours des dernières années, dans un monde de plus
en plus interdépendant et avec un nombre croissant d'immigrants,
estimés à 200 millions, les distinctions entre les
immigrants, les chercheurs d'asile et les réfugiés
se sont estompées. Selon le Haut Commissariat des Nations
Unies pour les réfugiés (HCR), cela s'est accompagné
d'un degré croissant de " lassitude liée à
l'asile " dans diverses régions du monde, un processus
qui menace, voire mine dans certains cas la protection que la Convention
des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés
était censée accorder aux réfugiés et
aux demandeurs d'asile. Si l'immigration illégale et la sécurité
sont des problèmes qu'aucun État ne peut se permettre
d'ignorer, l'institution de l'ONU s'occupant des réfugiés
souligne que des politiques de contrôle doivent établir
une distinction entre les immigrants clandestins qui cherchent un
meilleur avenir économique et les réfugiés
qui nécessitent une protection internationale.
Malheureusement, un nombre croissant de pays industrialisés
- ainsi que certains pays en développement - n'établissent
pas ces distinctions, selon le HCR, voire dépeignent les
demandeurs d'asile non pas comme des réfugiés fuyant
la persécution et ayant droit à un sanctuaire, mais
comme des " clandestins ", des terroristes et des criminels
potentiels. On oublie cependant souvent que les demandeurs d'asile
et les réfugiés constituent une part infime des dizaines
de millions de personnes qui sont aujourd'hui déplacées,
bien que ces personnes soient inextricablement liées à
la question de la migration internationale. Dans une situation où
les gouvernements et les électeurs sont incapables d'établir
une distinction nette entre les victimes de la persécution
et les auteurs d'actes de terrorisme, fait valoir le HCR, il existe
manifestement un besoin de préserver le principe de l'asile.
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L'Organisation
internationale de la migration aide les personnes déplacées
à l'intérieur du pays. PHOTO ONU |
- Trait caractéristique de l'histoire
humaine, la notion d'asile a été progressivement
incorporée dans le droit international et a abouti
à la création de la Convention relative au
statut des réfugiés et à son protocole
de 1967. Au deuxième semestre de 2005, 146 des 191
États Membres de l'ONU avaient accédé
à ces instruments internationaux, qui sont encouragés
et supervisés par le HCR.
- Les principes codifiés de l'asile
énoncent les droits et les obligations relatifs à
des individus qui ont été forcés de
quitter leur pays et qui ont besoin d'une protection internationale
en raison d'une " crainte justifiée de persécution
" du fait de leur " race, de leur religion, de
leur nationalité, de leur appartenance à un
certain groupe social ou de leurs opinions politiques ".
- Les demandes d'asile dans les pays industrialisés
ont énormément baissé en 2005 pour
la quatrième année consécutive. Le
nombre de demandes d'asile soumis en 2005 était de
336 000, soit 15 % de moins qu'au cours des années
précédentes.
- La plus grande baisse du nombre de demandeurs
d'asile au cours des cinq dernières années
a été enregistrée hors d'Europe. Le
Canada et les États-Unis ont reçu 54 % de
moins de demandes d'asile en 2005 qu'en 2001, tandis que
les demandes d'asile en Australie et en Nouvelle-Zélande
ont chuté de 75 % au cours de la même période.
- Le plus grand groupe de demandeurs d'asile
en 2005 était de Serbie-Monténégro,
notamment du Kosovo. Sur les dix principales nationalités
des demandeurs d'asile, les Iraqiens et les Haïtiens
ont augmenté le plus en 2005, tous deux de 27 %,
tandis que le nombre de demandeurs d'asile d'Afghanistan
et de Turquie a continué de baisser systématiquemen.
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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE
DU CONGO
La situation humanitaire à l'approche d'élections
historiques |
Après 45 années de dictature et de guerres intermittentes
qui ont fait environ 4 millions de victimes au cours des cinq dernières
années, la République démocratique du Congo
se prépare bravement à ses premières élections
multipartites, prévues pour juillet 2006. Grâce en
partie aux efforts déployés par la MONUC, la Mission
des Nations Unies présente dans le pays, de vastes régions
sont aujourd'hui en paix, tandis que l'enregistrement de 26 millions
d'électeurs congolais témoigne de leur volonté
de changer et de leurs aspirations.
|
Des
médecins de la MONUC traitent les victimes d'une attaque
violente menée par les milices. PHOTO ONU |
Mais si le pays est sur le point de changer le cours de son destin,
la paix est fragile et l'infrastructure très insuffisante,
avec bon nombre d'hôpitaux, d'écoles, d'usines et de
réseaux ferroviaires en ruine. Chaque jour, 1 200 personnes
meurent en raison de causes largement évitables. Pourtant,
dans de nombreux cas, les immenses souffrances implicites dans ces
statistiques ne suscitent pas l'attention des médias. Le
financement de l'aide humanitaire en RDC est loin de satisfaire
les besoins colossaux du pays. Mettant en garde contre le risque
de ne pas tenir compte de cette situation, le Bureau de la coordination
des affaires humanitaires des Nations Unies fait remarquer que plusieurs
appels récents de l'ONU en vue d'un financement pour la RDC
n'ont abouti qu'à un montant légèrement supérieur
à la moitié de la somme nécessaire pour satisfaire
les besoins les plus minimes.
- La République démocratique
du Congo est le troisième pays d'Afrique, comparable
par sa superficie à l'Europe de l'Ouest. Il est cinq
fois plus grand que la Côte d'Ivoire, le Libéria
et la Sierra Leone réunis, avec plus du double de
leurs populations, près de 56 millions.
- La MONUC est aujourd'hui la plus grande
opération de maintien de la paix à avoir été
mise en place par l'organe mondial. La force autorisée
comprend 17 000 personnels en uniforme, ainsi que des experts
civils dans des domaines comme les droits de l'homme, les
affaires humanitaires, la protection des enfants, les affaires
politiques et le soutien médical.
- Les préparatifs pour le vote prévu
pour juillet 2006, destiné à ancrer la transition
de la RDC d'une guerre civile de six ans vers une stabilité
politique, constitue la mission électorale la plus
vaste et la plus complexe jamais entreprise par l'ONU.
- Près de la moitié des 56
millions de Congolais ont moins de 18 ans et les enfants
sont particulièrement touchés par la crise.
Environ 20 % des enfants ne vivent pas jusqu'à l'âge
de 5 ans, alors que 38 % souffrent de malnutrition, dont
20% sévèrement. La moitié des 6-11
ans ne sont pas scolarisés. On estime que près
de 10 % ont perdu un ou deux parents à cause du sida
et que 20 000 ont été des enfants soldats.
- Avec 1 300 décès pour 100
000 naissances, la RDC a un des taux de mortalité
maternelle les plus élevés d'Afrique.
- Avec près de 80 % de la population
vivant dans la pauvreté extrême et plus de
70% étant mal nourrie, l'Organisation des Nations
Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a demandé
une aide de 50 millions de dollars pour appuyer le relèvement
agricole du vaste pays.
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LA TRAGÉDIE
CACHÉE DU NÉPAL
Des enfants pris dans le conflit |
Avec ses troubles politiques récents, le Népal, pays
enclavé pauvre, connu surtout pour le tourisme et le trekking
en haute montagne, a de nouveau fait la une tandis que les manchettes
et les images de télévision évoquent les événements
dramatiques qui se sont produits dans les rues de la capitale, Katmandou.
Cependant, comme cela avait été le cas durant la couverture
antérieure de la lutte entre les rebelles maoïstes et
les forces gouvernementales, ce regain d'intérêt a
jeté peu de lumière sur un problème méconnu,
les difficultés rencontrées par les enfants du pays.
En raison du conflit, les droits des enfants sont enfreints et
leurs vies profondément perturbées au quotidien. Selon
un rapport de Child Workers in Nepal datant de 2005 et cité
par l'UNICEF, on estime que plus de 40,000 enfants népalais
ont été déplacés au cours du soulèvement
maoïste. Des dizaines de milliers d'entre eux ont été
enlevés pour de courtes périodes d'endoctrinement
politique par les Maoïstes. Certains de ces enfants ont été
recrutés par les forces ou les milices maoïstes.
|
PHOTO/POOJA HAMAL/RHIYA
NEPAL |
L'éducation a pâti, notamment en raison des fermetures
forcées durant les grèves, qui ont réduit l'année
scolaire de près de moitié dans certaines régions.
Des enseignants ont été menacés, attaqués,
voire tués. Les écoles dans les régions touchées
ont servi à des réunions politiques et à des
séances d'endoctrinement forcé, ont été
bombardées ou attaquées, voire transformées
en casernes. Et selon certaines informations, des mines et autres
engins explosifs auraient été placés à
l'intérieur et autour des bâtiments scolaires et des
cours de récréation.
En réaction, l'UNICEF et ses partenaires ont exhorté
toutes les parties au Népal à faire en sorte qu'aucune
arme ou aucun explosif ne pénètre dans les écoles
et salles de classe et que ces dernières soient des zones
politiquement neutres, où les enfants ne sont pas soumis
à un endoctrinement, aux harcèlements en tant que
suspects politiques ou menacés de détention.
- Le Népal a aujourd'hui une possibilité
de mettre fin à l'insurrection du parti communiste
(maoïste) au Népal qui dure depuis dix ans et
de parvenir à une paix durable. Vers la fin du mois
d'avril 2006, après environ trois semaines de grève
générale et de protestations dans les rues
dans le pays dirigées contre le pouvoir royal, le
roi Gyanendra a cédé le pouvoir exécutif
de l'État, qu'il avait pris en février 2005,
a restauré le dernier Parlement et a autorisé
la formation d'un gouvernement composé de membres
des partis représentés au Parlement.
- Un cessez-le-feu réciproque, des
négociations entre le gouvernement et les Maoïstes
et l'élection d'une assemblée constituante
pour décider de la forme future du gouvernement seront,
espère-t-on, les principaux jalons d'un processus
de paix naissant.
- Au cours des dix dernières années
de la rébellion maoïste armée, 13 000
civils environ sont morts en raison de la violence dans
des régions rurales éloignées.
- Un demi-million d'enfants ne sont pas du
tout scolarisés.
- Bien que le taux de mortalité infantile
au Népal ait été considérablement
réduit au cours des dix dernières années,
il continue d'être élevé, avec environ
59 décès pour 1 000 enfants de moins d'un
an.
- 86 % de la population népalaise
vit avec moins de 2 dollars par jour.
- Selon une mission de surveillance des droits
de l'homme de l'ONU créée au Népal,
les violations du droit international humanitaire par les
Maoïstes comprennent la poursuite de l'utilisation
d'enfants au sein de l'Armée de libération
du peuple, bien que les Maoïstes nient recruter des
jeunes de moins de 18 ans. Alors que des enfants ont été
arrêtés et torturés parce qu'ils étaient
suspectés d'avoir des liens avec le Parti communiste
(maoïste) du Népal, un grand nombre de jeunes
sont actuellement détenus par les autorités
de l'État, en vertu de la législation anti-terroriste.
Par ailleurs, il existe également des preuves que
des enfants sont utilisés par l'Armée royale
népalaise en tant qu'indicateurs ou espions.
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SOMALIE
L'INSECURITE EXACERBE LES CONSEQUENCES DE LA SECHERESSE |
Tandis que les organismes d'aide de l'ONU sonnent l'alarme sur
la crise humanitaire à laquelle fait face la Corne de l'Afrique,
où plus de 8 millions de personnes sont en grave danger à
la suite d'une sécheresse dévastatrice, la situation
en Somalie, un des pays les plus touchés, demeure particulièrement
préoccupante et a besoin de toute urgence d'une attention
particulière. Malgré des progrès récents
en vue du rétablissement d'un gouvernement central, l'insécurité
persistante entrave grandement la lutte contre la sécheresse,
compliquant davantage la réconciliation politique et laissant
la Somalie particulièrement vulnérable à une
nouvelle déstabilisation.
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PHOTO UNHCR |
Le processus politique de paix d'une part et la situation humanitaire
précaire d'autre part présentent deux dynamiques différentes
qui sont inextricablement liées, d'après Christian Balslev-Olesen,
Coordonnateur humanitaire par intérim des Nations Unies pour
la Somalie. Ce pays est confronté à la pire sécheresse
en dix ans, ce qui vient couronner une situation qui présente
déjà l'ensemble des indicateurs les plus difficiles
pour le développement humain " ajoute Balslev-Olesen.
En mars 2006, le Conseil de sécurité de l'ONU a exprimé
sa préoccupation croissante à propos des Somaliens qui
" ont perdu leurs moyens de subsistance et sont en proie à
une insécurité alimentaire et civile de plus en plus
grave " et il a exhorté tous les dirigeants somaliens
à assurer un accès humanitaire complet et sans entrave
et à garantir la sécurité des agents humanitaires.
Aujourd'hui, environ 2,1 millions de Somaliens sont totalement tributaires
de l'aide internationale. Il n'est pas étonnant que le gros
de l'appel à contribution lancé récemment par
l'ONU en vue d'une aide humanitaire pour la Corne de l'Afrique -
327 millions de dollars sur un total de 426 millions de dollars
- soit prévu pour la Somalie. Les agents humanitaires font
cependant face à des difficultés sans précédent
pour accéder à tous ceux qui sont dans le besoin,
en essayant d'acheminer une aide, tout en subissant des menaces
constantes, des actes de piratage, des enlèvements et des
barrages routiers. Sans cette aide, les régions touchées
du sud pourraient enregistrer de 10 000 à 12 000 décès
par mois, et 80 % du bétail du pays pourrait mourir. Tandis
que les réserves alimentaires diminuent, obligeant le pays
à dépendre encore davantage de l'aide étrangère,
la concurrence pour ces ressources limitées ne fera que croître,
entraînant des luttes entre les clans ou à l'intérieur
des clans, des détournements, des pillages de convois, des
actes d'extorsion et des demandes de " droits de protection
", a mis récemment en garde un rapport de l'ONU.
- Plusieurs années consécutives
de faibles précipitations pluviales ont particulièrement
touché les communautés pastorales et agro-pastorales
qui sont forcées de parcourir de grandes distances
pour trouver un pâturage à leurs bêtes.
Entre-temps, la baisse de la production agricole a entraîné
une hausse spectaculaire du prix des denrées alimentaires,
notamment des céréales.
- Les 2,1 millions de personnes qui sont
tributaires de l'aide représentent 25 % de la population
et comprennent 400 000 personnes déplacées
à l'intérieur du pays, dont plusieurs risquent
de mourir de malnutrition si la crise n'est pas réglée.
Les familles dans certaines régions dépensent
70 à 80 % du peu d'argent dont elles disposent pour
acheter de l'eau.
- Plus de 1 000 membres du personnel national
et international des institutions des Nations Unies travaillent
dans le pays. Cependant, il n'y a pas de personnel recruté
au plan international dans les villes principales de Mogadiscio
et de Kismayu.
- 80 % des écoles dans les régions
touchées par la sécheresse ont fermé
dans un pays ou seuls 20 % des enfants ont accès
à l'enseignement dans des conditions normales.
- La sécurité est le plus grand
défi au processus de paix en Somalie. Elle continue
d'affecter une situation humanitaire déplorable,
aggravé par la sécheresse régionale.
Les institutions fédérales de transition ont
réalisé des progrès considérables
pour ce qui est de surmonter les divergences entre les différentes
factions somaliennes, mais bon nombre de difficultés
risquent de faire dérailler le processus de paix
fragile. Les combats récents à Mogadiscio
ont aggravé les tensions, tout comme la présence
de certaines milices armées à proximité
de Baidoa, siège temporaire du gouvernement. Le besoin
de cantonner ces groupes et de leur fournir de l'eau, des
aliments et un abri est examiné par les dirigeants
somaliens et les institutions fédérales de
transition, avec l'aide des donateurs.
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REFUGIÉS EN
SITUATION D'EXIL PROLONGÉ
Des millions de réfugiés sans espoir de solution |
Alors que le nombre de réfugiés dans le monde a atteint
son niveau le plus bas en 25 ans, un grand pourcentage des demandeurs
d'asile passe plus de temps en exil en essayant péniblement
de survivre dans une quasi-incertitude. Selon le Haut Commissaire
des Nations Unies pour les réfugiés, dans son rapport
de 2006 sur la situation des réfugiés dans le monde,
" la majorité des réfugiés d'aujourd'hui
vivent en exil depuis bien trop longtemps, ils sont confinés
dans des camps ou cherchent de maigres moyens d'existence dans les
centres urbains du monde en développement.
Il existe aujourd'hui au moins 33 situations de réfugiés
prolongées depuis plus de cinq ans. Selon les données
du HCR, ils représentent en tout 5,7 millions de réfugiés
parmi les
9,2 millions de réfugiés dans le monde. Ces statistiques
ne comprennent pas la situation la plus ancienne et la plus importante,
celle des réfugiés palestiniens, qui relèvent
du mandat de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies
pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient
(UNRWA).
La vaste majorité de ces exilés se trouve dans les
régions les plus pauvres et les plus instables du monde,
souvent en raison de l'absence d'intérêt des acteurs
régionaux et internationaux, ce alors que l'aide des donateurs
ne fait que baisser. Pris dans ces situations oubliées, les
réfugiés ne peuvent pas rentrer chez eux en raison
de la violence ou des persécutions, alors qu'ils sont confrontés
à d'importantes restrictions à leurs droits dans les
lieux d'asile. Le HCR prévient en même temps que leur
présence soulève des préoccupations d'ordre
politique et sécuritaire parmi les gouvernements hôtes
et autres États de la région. Les situations de réfugiés
en attente prolongée en tant que telles présentent
de grands défis, non seulement pour les droits de l'homme
mais aussi pour la sécurité.
" Les situations de réfugiés prolongées
sont révélatrices d'échecs et de négligences
politiques ainsi que d'une répartition inégale des
ressources. Conformément à son mandat de protection
des réfugiés et de recherche de solutions durables
à leur sort, le HCR travaille avec détermination pour
veiller à ce que les situations de réfugiés
prolongées ne soient pas oubliées et qu'elles obtiennent
une réponse garantissant le respect des réfugiés,
soucieuse du climat politique et de développement plus large,
et respectueuse du droit des réfugiés à bénéficier
des dispositions de la Convention qui facilitent leur autonomie
en attendant la mise en uvre d'une solution. "
- Comité exécutif du Programme du Haut Commissariat
- Depuis le début des années
1990, la communauté internationale s'est préoccupée
largement de la situation critique des réfugiés
dans des régions très médiatisées
comme les Balkans, la région des Grands Lacs d'Afrique
et plus récemment le Darfour (Soudan) et le Tchad.
Pourtant, plus de 60 % des réfugiés aujourd'hui
sont pris dans des situations qui sont loin d'être
sous le feu des projecteurs.
- Les causes profondes de la pérennisation
des situations des réfugiés viennent des États
même dont l'instabilité engendre une insécurité
régionale chronique. La plupart des réfugiés
dans ces régions - qu'ils soient somaliens, soudanais,
burundais ou birmans - viennent de pays où le conflit
dure depuis des années.
- L'Afrique de l'Est et de l'Ouest, l'Asie
du Sud, l'Asie du Sud-Est, le Caucase, l'Asie centrale et
le Moyen-Orient connaissent des situations d'attente prolongée.
L'Afrique subsaharienne en a le plus grand nombre, 17, comprenant
1,9 million de réfugiés. Les pays accueillant
les plus grands groupes sont la Guinée, le Kenya,
l'Ouganda, la Tanzanie et la Zambie.
- En Asie (Chine, Thaïlande, Inde et
Népal), il existe cinq situations d'attente prolongée
et environ 676 000 réfugiés. L'Europe a trois
cas majeurs, concernant 510 000 réfugiés,
principalement dans les Balkans et en Arménie.
- Bien que l'on utilise un étalon
de mesure brut concernant les populations réfugiées,
soit 25 000 personnes en exil depuis cinq ans, le HCR met
en garde contre l'exclusion d'autres groupes. Par exemple,
parmi les Rohingya qui ont fui le Myanmar au Bangladesh
en 1994, 20 000 d'entre eux ne sont toujours pas rentrés
chez eux. De même, il existe 19 000 Burundais en République
démocratique du Congo, 16 000 Somaliens en Éthiopie,
19 000 Rwandais en Ouganda et 15 000 Éthiopiens au
Soudan.
- S'il existe aujourd'hui moins de réfugiés
dans des situations prolongées, le nombre de ces
situations a énormément augmenté. Selon
le HCR, ils passent également de longues périodes
en exil. On estime qu'en 2003, les situations de réfugiés
les plus longues, prolongées ou pas, ont duré
une moyenne de 17 ans, presque deux fois plus longtemps
qu'en 1993.
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SÉISME EN
ASIE DU SUD
Le défi de la reconstruction |
Le 8 octobre 2005, un séisme dévastateur a frappé
l'Asie du Sud, tuant des dizaines de milliers de personnes et laissant
un bien plus grand nombre sans abri et en danger à l'approche
d'un rude hiver. Les secours déployés pour retrouver,
sauver et nourrir les survivants ont été suivis de
près par les médias dans le monde entier, en raison
de l'ampleur de la catastrophe - 73 000 victimes au Pakistan et
1300 en Inde, une crise que le Coordonnateur des secours d'urgence
des Nations Unies, Jan Egeland a qualifiée de " pire
cauchemar du point de vue de la logistique ", à laquelle
le monde ait jamais été confronté.
Malgré les défis, les efforts concertés déployés
au plan national et international sont parvenus à empêcher
une deuxième vague redoutée de morts, de mouvements
massifs de population et de poussées épidémiques
à l'approche du rude hiver dans toute la région. Grâce
aux efforts de secours massifs, la mortalité enregistrée
dans les régions touchées n'a pas été
plus élevée que durant l'hiver précédent.
Une étude dans le domaine de la nutrition n'a montré
aucune déficience alimentaire majeure, comparé au
niveau précédant le séisme.
Aujourd'hui, environ sept mois après la catastrophe, les
efforts consécutifs au séisme passent par une nouvelle
étape critique, qui mérite une attention étroite
de la part des médias et du public. Tandis que l'effort de
relèvement passe des secours à la reconstruction,
les responsables de l'ONU préviennent que la partie la plus
difficile de la tâche ne fait que commencer. L'expérience
des autres pays montre que le soutien des donateurs qui est encore
désespérément requis baisse souvent, une fois
que la phase de secours prend fin. Si cela est le cas, plusieurs
survivants du séisme risquent d'affronter une nouvelle situation
précaire à l'hiver prochain. Tandis que la communauté
humanitaire lutte en vue d'une transition sans heurt des secours
au relèvement ainsi qu'à une reconstruction rapide,
il ne faut pas que la tâche éprouvante de retrouver
des moyens de subsistance et de reconstruire les vies échappe
aux médias.
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Des survivants
du séisme dans des camps provisoires à Muzzaffarabad,
au Pakistan. Le HCR aide les personnes les plus vulnérables
dans la zone du séisme au Pakistan.
PHOTO UNHCR /B BALLOCK |
Dans le cadre de l'intervention
internationale coordonnée par l'ONU à la suite
du séisme, plus de
- 500 000 tentes ont été acheminées,
5 millions de plaques de tôle ont été
distribuées, plus de 6 millions de couvertures et
de duvets ont été fournis.
- Plus de 700 000 personnes ont de nouveau
accès à l'eau potable, et des milliers de
latrines pourvues de dalles ont été installées.
D'innombrables hélicoptères ont permis d'établir
un pont aérien pour acheminer des aliments et autres
produits. Plus d'un million d'enfants ont été
vaccinés contre la rougeole.
- L'autorité de reconstruction et
de relèvement à la suite du séisme
au Pakistan, en collaboration avec l'ONU et plusieurs partenaires
de la société civile, ont accepté le
cadre fondamental d'un plan de secours préalable,
un ensemble de programmes opérationnels destinés
à soutenir la voie à long terme vers le relèvement,
réduisant le fossé entre les secours et la
reconstruction, ce qui exigera environ 188 millions de dollars
au cours des 12 prochains mois.
- Les principales difficultés prévues
au cours des mois prochains sont le processus de retour
des populations déplacées, le maintien de
routes praticables dans les régions isolées,
les éboulements de terrains potentiels, une aide
continue pour les personnes vulnérables et la fourniture
la plus vaste possible de services de base.
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DERRIÈRE LES
BARREAUX, HORS D'ATTEINTE
Les enfants maintenus abusivement en détention |
" Nul enfant ne sera privé de liberté de façon
illégale ou arbitraire " stipule la Convention relative
aux droits de l'enfant, un des sept traités fondamentaux
du cadre international des droits de l'homme. Mais selon le Fonds
des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), un nombre alarmant d'enfants
dans le monde sont privés de leur liberté et maintenus
en détention sans cause suffisante.
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Photos
ONU |
De même, alors que la Convention souligne que l'emprisonnement
d'un enfant doit " n'être qu'une mesure de dernier ressort
et être d'une durée aussi brève que possible ",
nombre d'enfants ont été arrêtés tout simplement
parce qu'ils constituaient une nuisance ou étaient perçus
comme une menace. En outre, la plupart d'entre eux ne sont pas traduits
en justice tout en étant détenus pendant des mois, voire
des années, souvent sans accès à une aide juridique.
Dans certains pays, la grande majorité des enfants qui sont
en conflit avec la loi font partie de communautés désavantagées
et sont pénalisés pour la simple raison qu'ils essaient
de survivre. Fréquemment, les enfants sont détenus dans
des conditions déplorables et inhumaines. Les sévices
physiques sont courants et les enfants subissent de profonds traumatismes
à la suite de tortures et d'interrogations. Les enfants victimes
de traite et d'exploitation sexuelle sont souvent doublement victimes.
Alors que l'adoption à l'unanimité de la Convention
relative aux droits de l'enfant par l'Assemblée générale
des Nations Unies en 1989 avait donné un élan majeur
aux efforts déployés dans le monde en vue de protéger
les droits des enfants et avait suscité une attention médiatique
autour de plusieurs questions sous-jacentes, les experts de l'ONU
mettent en garde contre une évolution troublante qui risque
d'avoir des conséquences graves pour le bien-être des
enfants et qui n'a pas encore reçu suffisamment d'attention.
Pour remédier à ce problème, l'UNICEF travaille
avec plusieurs pays afin de rendre les systèmes d'administration
de la justice destinée aux jeunes conformes aux normes internationales
et de préserver les droits des enfants qui sont en conflit
avec la loi.
- Le terme " enfant en conflit avec
la loi " fait référence à tout
jeune de moins de 18 ans qui est en contact avec le système
judiciaire après avoir été suspecté
ou accusé d'avoir commis un délit. La plupart
des enfants en conflit avec la loi ont commis des infractions
mineures comme le vagabondage, l'absentéisme scolaire,
la mendicité ou l'abus d'alcool. Certaines de ces
infractions sont des " infractions relatives au statut
de l'individu " et ne sont pas considérées
comme étant des infractions criminelles lorsqu'elles
sont commises par des adultes.
- D'après les indications de l'UNICEF,
plus d'un million d'enfants dans le monde vivent en détention
parce qu'ils sont en conflit avec la loi.
- La majorité des enfants qui se
retrouvent pris dans le système de justice pénale
viennent de communautés et de familles particulièrement
démunies, souvent de minorités faisant l'objet
d'une discrimination.
- Le fait de mettre des enfants en prison
au lieu de chercher d'autres solutions les catalogue en
tant que délinquants, les prive de possibilités
d'emploi et les laisse à la merci d'autres individus
qui ont commis des délits plus graves. Cela accroît
également la possibilité que les enfants contreviennent
de nouveau à la loi.
- L'UNICEF recommande plusieurs réponses,
notamment : ne pas incarcérer des enfants qui essaient
simplement de survivre; éloigner du système
de justice pénale les enfants qui ont commis des
infractions mineures; n'utiliser la détention qu'en
dernier recours; lorsque les enfants sont emprisonnés,
les séparer des adultes; veiller à ce que
les gouvernements surveillent étroitement la situation,
ayant au minimum des dossiers sur le nombre d'enfants incarcérés
et la durée de leur détention.
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DES GUERRES
DE L'EAU À LA COOPÉRATION
Les possibilités de consolidation de la paix à
partir d'une ressource partagée |
Il est de notoriété publique que l'eau, source vitale
est, depuis des siècles, une cause principale de tension
ou de conflit - à l'intérieur ou entre les pays. La
demande mondiale pour l'eau ayant été multipliée
par six au cours du XXe siècle, les disputes autour des questions
transfrontières liées à l'eau ne connaissent
pas de relâche, poussant certains experts à prédire
que les guerres du XXIe siècle seront livrées autour
de l'eau.
Alors qu'on entend souvent parler de cas où l'eau douce
contribue à créer des tensions entre les pays, le
revers de la médaille - l'eau en tant qu'agent de coopération
- obtient rarement une attention suffisante. Néanmoins, la
recherche a montré bien plus souvent, au cours de l'histoire,
que l'eau jouait un rôle de catalyseur en vue d'une coopération,
plutôt que de moteur des conflits. Il existe des exemples
où des accords réalisables ont été signés
par des États qui étaient même en conflit sur
d'autres questions, notamment l'Inde et le Pakistan ou Israël
et la Jordanie.
Avec plus de 260 bassins d'eau dans le monde transcendant les frontières
nationales, il n'est pas surprenant que la situation soit largement
perçue comme étant matière à hostilité.
D'un côté, comme le font valoir les experts de l'ONU,
étant donné l'importance de l'eau dans pratiquement
chaque aspect de la vie - santé, environnement, économie,
bien-être, politique et culture - un pays à lui seul
ne peut faire face aux nombreux problèmes qui se posent.
Cela offre l'occasion de transformer une situation de conflit potentiel
en une ouverture en vue de trouver des solutions mutuellement avantageuses.
Quels sont les moyens pratiques d'atteindre cet objectif ? Dans
un effort visant à trouver des réponses à cette
question, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation,
la science et la culture (UNESCO) a lancé le projet "
Des conflits potentiels à un potentiel de coopération
", dans le cadre d'une vaste initiative de l'ONU visant à
encourager la sécurité de l'eau au XXIe siècle.
Le projet vise à encourager la coopération entre les
parties prenantes dans la gestion des ressources en eau partagées,
tout en contribuant à faire en sorte que les conflits potentiels
ne se transforment pas en conflits réels. Face au défi
de partager les ressources aquatiques principalement du point de
vue des gouvernements, ce projet se concentre sur l'élaboration
d'outils afin d'anticiper, de prévenir et de résoudre
les conflits liés à l'eau.
- Il existe plus de 3 800 déclarations
ou de conventions unilatérales, bilatérales
ou multilatérales relatives à l'eau : 286
d'entre elles sont des traités et 61 font référence
à plus de 200 bassins fluviaux internationaux.
- Le demi-siècle qui vient de s'écouler
a connu plus de 500 événements liés
à des conflits portant sur l'eau, dont sept ont été
entachés de violence.
- Selon l'UNESCO, 145 nations ont une partie
de leur territoire à l'intérieur d'un bassin
transfrontalier et 21 se trouvent entièrement dans
un seul. Douze pays ont plus de 95 % de leur territoire
à l'intérieur d'un ou de plusieurs bassins
transfrontaliers. Environ un tiers des 263 bassins transfrontaliers
existants est partagé par plus de deux pays.
- Dans une étude de cas démontrant
l'efficacité d'une démarche de coopération,
la Bolivie et le Pérou, les deux pays se partageant
le lac Titicaca, ont reconnu l'importance cruciale d'uvrer
de concert en vue de gérer les ressources aquatiques
du bassin, en créant une Autorité autonome
du lac Titicaca.
- La partie nord de la mer d'Aral a été
restaurée avec succès alors que sa surface
avait diminué de plus de moitié en raison
d'un détournement massif d'eau du temps de l'Union
soviétique, ce qui avait asséché les
deux fleuves qui l'alimentaient et ravagé l'environnement
à proximité. Le Kazakhstan et l'Ouzbékistan
se départagent la mer de l'Aral, mais son bassin
d'eau douce couvre également l'Afghanistan, la République
kirghize, le Tadjikistan et le Turkménistan. Grâce
à un projet de la Banque mondiale, la mer commence
à remonter avec la construction du barrage du Kok-Aral.
Les ouvrages nouvellement réaménagés
le long du fleuve Syr Darya profitent aux agriculteurs en
irriguant leurs terres. La prochaine étape consiste
à améliorer l'efficacité de l'irrigation
de deux tiers des terres dans la partie kazakh du bassin
de la mer d'Aral. Une meilleure gestion des ressources aquatiques
profitera aux pays de l'Asie centrale en leur permettant
de satisfaire plus efficacement leurs besoins en énergie
et en conservation, voire de tirer éventuellement
des recettes de la vente de l'énergie hydroélectrique
aux pays en amont.
- Les femmes, qui produisent entre 60 et
80 % des denrées alimentaires dans la plupart des
pays en développement, sont les principales parties
prenantes dans toutes les questions de développement
liées à l'eau. Mais elles restent souvent
en marge des décisions liées à la gestion
et à la planification des ressources aquatiques.
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CÔTE
D'IVOIRE
Les " médias de la haine " constituent une
menace pour la paix et la réconciliation |
Tandis que le monde commémorait le douzième anniversaire
du génocide au Rwanda au mois d'avril, certaines informations
émanant de Côte d'Ivoire rappellent de manière
effrayante la façon dont les médias ont été
utilisés par les dirigeants pour déclencher des actes
de violence dévastateurs. À la suite d'une série
de coups d'État, remontant à 1999, une mutinerie de
soldats en septembre 2002 en Côte d'Ivoire a dégénéré
en une véritable révolte, tandis que ceux du nord
se rebellaient contre la domination de ceux du sud, entraînant
des milliers de morts lors des combats entre les rebelles des Forces
nouvelles et le gouvernement. Bien que les combats aient cessé,
le pays reste divisé entre le sud tenu par le gouvernement
et le nord aux mains des rebelles. En 2004, l'Opération des
Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) a été
mise sur pied pour surveiller le cessez-le-feu et pour appuyer l'application
des accords de paix, qui préserve une paix fragile.
Le ciblage virulent des opposants politiques dans la presse et
à la télévision nationales, ainsi qu'à
la radio locale et nationale est un trait qui caractérise
de longue date la scène médiatique ivoirienne. Les
journalistes, luttant pour maintenir leur indépendance, en
sont souvent victimes, dans un pays où la politique partisane
et le recours à des messages de haine sont communs. Bien
que le climat médiatique soit mani-festement libre, les journalistes
ont été au cours des dernières années
victimes de harcèlement, de menaces, d'arrestations, voire
de meurtres. Les journalistes bénéficient de peu d'autonomie
sur le plan éditorial et les affiliations politiques dictent
souvent la couverture.
Durant une visite en février 2006, M. Jan Egeland, Coordonnateur
des secours d'urgence de l'ONU, a déclaré que les
civils dans ce pays étaient les moins protégés
au monde et préconisé une action immédiate
: " Lorsque les médias de la haine à la rwandaise
préconisent de s'en prendre à des civils sans défense,
de découper les corps des minorités à la machette
et d'attaquer les organisations humanitaires internationales, certains
individus doivent être traduits en justice ". En l'absence
de possibilité de sanctions significatives et sévères
contre ceux qui lancent des messages inflammatoires, les médias
de la haine continueront de constituer une grave menace à
la paix et à la réconciliation nationales.
- La Côte d'Ivoire a accédé
à l'indépendance en 1960 et connu plusieurs
décennies de croissance économique et d'unité,
se taillant une réputation de succès sur le
continent africain. La démocratie a été
introduite dans les années 1990, mais la désillusion
parmi certains groupes a entraîné une série
de coups d'État qui ont débouché en
2002 sur une guerre civile en bonne et due forme. Un accord
de paix négocié par la France a été
signé en 2003, mais cette paix fragile n'a pas été
consolidée.
- En 2004, l'ONUCI a mis en place sa propre
station de radio pour contrer l'effet de la propagande inflammatoire
et des messages de haine. La couverture de la station, que
l'on n'entendait au début qu'à Abidjan, a
été étendue aux villes tenues par les
rebelles au nord. En décembre 2004, une nouvelle
législation relative à la presse a été
adoptée, donnant les moyens de sanctionner les pratiques
journalistiques jugées déplorables et d'inculquer
l'éthique journalistique.
- Charles Konan Banny a été
désigné Premier ministre par intérim
en décembre 2005. Sa désignation a été
appuyée par les médiateurs africains et l'ONU
comme étant susceptible de faire progresser la Côte
d'Ivoire vers un processus de paix paralysé. Il est
confronté à des tâches difficiles telles
que le désarmement des forces rebelles et des milices
progouvernementales, le recensement des électeurs
et l'organisation des élections d'ici au 31 octobre.
- En janvier 2006, les forces et les biens
de l'ONU ont subi une attaque de la part de membres d'un
groupe politique, les " Jeunes patriotes ", à
la suite de laquelle le personnel recruté au plan
international s'est temporairement retiré. Le plus
alarmant est que ces attaques ont été incitées
en certains endroits par des milices et des chefs de la
préfecture qui ont pris le contrôle des stations
de radio locales et qui les ont utilisées pour diffuser
des messages de haine encourageant la destruction. Le Conseil
de sécurité a imposé des sanctions
à deux leaders de la jeunesse et à un commandant
des rebelles. Le Représentant spécial du Secrétaire
général, Pierre Schori, a mis en garde que
" le fait de prêcher la violence équivaut
à uvrer en vue de l'échec du processus
de paix ".
- Le Secrétaire général
Kofi Annan a condamné le recours aux médias
de la haine et a exigé que tous les partis et leurs
dirigeants s'abstiennent de tels actes. Le Conseil de sécurité
a demandé des sanctions à l'encontre de ceux
qui incitent à la violence et à la haine,
notamment par le recours aux médias.
- Le Secrétaire général
a mis l'accent sur la préparation des élections
et le rôle des médias comme des questions restant
actuellement en suspens. Une action concrète et dynamique
doit être prise pour commencer à appliquer
le programme de désarmement, de démobilisation
et de réinsertion, pour démanteler les milices,
pour redéployer l'autorité de l'État,
pour recenser les électeurs et pour préparer
les élections.
- Un rapport publié le 27 avril par
le Bureau de la coordination des affaires humanitaires indique
qu'environ 700,000 personnes ont été déplacées
depuis le début de la crise actuelle en 2002, lorsqu'un
coup d'État avorté contre le Président
Laurent Gbagbo a entraîné une guerre civile.
90 % de ces personnes vivent avec des proches dans de grandes
zones urbaines, mettant à rude épreuve la
situation économique de la majorité de leurs
hôtes, d'après le rapport, qui indique en outre
que 50 % des personnes déplacées disent que
leur état de santé a empiré, alors
que 30 % des enfants déplacés n'ont pas les
moyens d'être scolarisés.
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