Le voyage du Secrétaire général Kofi Annan
en Asie en mai 2006 s'est conclu par une cérémonie
dans un palais royal magnifique - un événement d'une
grande simplicité, mais une source de fierté et de
joie pour le peuple thaïlandais. Le Secrétaire général
a remis au roi Bhumibol Adulyadej le prix décerné
par le Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD) afin de saluer son action exceptionnelle dans le domaine
du développement humain, de la réduction de la pauvreté
et de la conservation de l'environnement en Thaïlande. C'est
la première fois qu'une telle récompense a été
décernée.
La cérémonie a eu lieu à la veille des célébrations
du soixantième anniversaire de l'accession du souverain au
trône. En rendant hommage au monarque dont le règne
est le plus long dans le monde, M. Annan a déclaré
: " Si le développement humain consiste à placer
les intérêts des populations en premier, il n'y a pas
de meilleur champion de cette cause que Sa Majesté. "
Ces mots ont touché le cur de tous les Thaïlandais.
Ce prix est remis aux personnes qui font preuve d'un engagement
remarquable pour promouvoir la compréhension et le progrès
du développement humain dans un contexte national, régional
ou mondial. C'est une partie importante des efforts de l'ONU menés
pour promouvoir le développement humain en tant que modus
operandi pour les efforts de développement dans le monde.
" En tant que "roi
du développement", Sa Majesté a tendu la main
aux
populations les plus vulnérables de Thaïlande, sans
se soucier de leur statut, de leur ethnicité ou de leur religion,
a écouté leur problèmes et leur a donné
les moyens de se prendre en charge. "
Secrétaire général Kofi
Annan
En soi, le développement humain est un concept simple :
il place les populations et leur bien-être au centre du développement
et fournit une alternative au paradigme de la croissance économique
plus traditionnel, plus étroit. Il concerne les gens, leur
autonomisation et étend leur capacité à vivre
une vie pleine, saine et créative. Le développement
humain ne fait pas de compromis et embrasse la croissance économique
équitable, la durabilité, les droits de l'homme, la
sécurité et la liberté politique.
Pendant les 60 ans de son règne, le roi Bhumibol a encouragé
le développement rural et contribué à améliorer
la vie des pauvres par le biais de 3 000 projets de développement
dans l'ensemble du pays. Il fait passer le peuple en premier et
a beaucoup voyagé dans le pays pour rendre visite aux communautés,
même dans les régions les plus reculées, faisant
de lui le roi qui a le plus voyagé dans l'histoire de la
Thaïlande. Mettant l'accent sur l'agriculture à petite
échelle, les technologies agricoles adéquates, l'utilisation
durable des ressources en eau, la conservation de l'environnement,
la prévention contre les inondations et la sécheresse,
ses projets de développement ont bénéficié
à des millions de personnes vivant dans les zones rurales,
quels que soient leur statut, leur ethnicité ou leur religion.
Parmi ses réalisations figurent les projets d'intégration
du développement rural dans le nord de la Thaïlande,
qui ont contribué à réduire et à remplacer
de manière significative la production d'opium par le développement
des cultures de substitution. Cela a bénéficié
aux groupes ethniques vivant dans les régions montagneuses
situées le long de la frontière entre le Myanmar et
la République démocratique populaire lao et amélioré
leur accès aux soins de santé et à l'éducation.
Le roi a également fourni un soutien actif à un vaste
éventail de causes sociales importantes : la promotion de
la santé et du bien-être des enfants; le soutien des
campagnes d'éradication de la polio; la lutte contre les
carences en iode et la lèpre; l'amélioration de l'accès
à l'éducation formelle et informelle; et l'octroi
de bourses aux orphelins. Et la liste ne s'arrête pas là.
Le prix décerné par le PNUD est également
une reconnaissance de la vision stratégique du roi dans le
domaine du développement. En période de mondialisation
rapide, sa philosophie de l'économie de suffisance - mettant
l'accent sur la modération, la consommation responsable et
la résistance aux chocs externes - est d'un grand intérêt
pour les communautés du monde entier. Inspirée par
le bouddhisme, l'approche de " la voie du milieu " renforce
la propre action de mobilisation des Nations Unies visant à
créer une voie durable, centrée sur les peuples, vers
le développement humain. Suscitant un engouement croissant
en Thaïlande après la crise financière de 1997,
cette philosophie recommande la stabilité économique
plutôt qu'une croissance débridée. Elle souligne
aussi la nécessité de renforcer la morale de la société
de façon à ce que chacun, spécialement les
autorités publiques et les hommes d'affaires, respecte l'état
de droit, soutienne les principes démocratiques et adhère
aux valeurs morales.
Au niveau des communautés, la philosophie mise en avant
par le roi souligne l'importance de l'" auto-immunité
" - c'est-à-dire la nécessité de pouvoir
résister aux chocs externes ou internes, que ce soit les
bouleversements économiques, la hausse du prix du pétrole,
les catastrophes naturelles, les maladies dans la famille ou les
mauvaises récoltes. L'économie de suffisance accorde
une grande importance à la diversification des produits agricoles
et ménagers pour s'assurer que les niveaux de subsistance
de base seront satisfaits pendant les périodes difficiles.
Sorte de " stratégie de la gestion des risques ",
elle permet de réduire les risques qui se présentent
inévitablement lorsque l'on dépend d'une seule culture
ou d'une seule source de revenus.
Ce concept d'auto-immunité et de faculté de récupération
à ces chocs concerne les peuples du monde entier : les travailleurs
des plantations de canne à sucre en Afrique de l'Ouest, qui
ont perdu leur emploi à cause des subventions des pays riches;
les agriculteurs au Guatemala qui sont touchés de plein fouet
par la fluctuation du cours du café; ou les pauvres au Bangladesh,
dont les revenus sont anéantis par les inondations qui surviennent
régulièrement de manière inexorable.
La diversification ne vient pas seulement de l'agriculture mixte
mais aussi de la génération de revenus supplémentaires
par lesquels les agriculteurs, en particulier les femmes, sont encouragés
à s'organiser et à fabriquer des produits artisanaux
et autres produits à partir de matériaux disponibles
dans la communauté. Cela a permis d'autonomiser les femmes
pauvres dans les zones rurales de Thaïlande. Une fois que les
ménages sont moins vulnérables, le roi encourage les
communautés à s'organiser en coopératives,
à créer des fonds renouvelables et à trouver
d'autres façons de s'entraider. Une fois parvenues au stade
de l'auto-immunité, les communautés rurales peuvent
participer à l'économie dans son ensemble et recueillir
les profits sans risque.
Le monde a beaucoup à apprendre des contributions du roi
au développement humain et de sa vision stratégique
dans le domaine du développement. Il est à espérer
que ce prix permettra d'attirer l'attention du monde sur cette expérience
et cette sagesse uniques.
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Lors d'une cérémonie
au palais royal en mai 2006, le Secrétaire général
Kofi Annan (à droite) a remis au roi Bhumibol de Thaïlande
le prix de l'action exceptionnelle dans le domaine du développement
humain. Photo/Bureau du palais royal, thaÏlande |
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