La communauté internationale marquera en 2006 le vingt-cinquième
anniversaire de l'adoption de la Déclaration de l'ONU sur
l'élimination de toutes les formes d'intolérance et
de discrimination fondées sur la religion ou la conviction
- le seul instrument des droits de l'homme centré exclusivement
sur une telle liberté. Or, malgré son adoption unanime
le 25 novembre 1981, on constate une montée de la discrimination
fondée sur la religion ou la conviction, de la violence au
nom de la religion et de l'extrémisme religieux.
Le droit de changer de religion ou de conviction a d'abord été
inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme
: " Toute personne a droit à la liberté de pensée,
de conscience et de religion; ce droit implique la liberté
de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté
de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant
en public qu'en privé, par l'enseignement, les pratiques,
le culte et l'accomplissement des rites. " Soulignant la centralité
de ce droit dans le droit international, le droit à la liberté
de religion ou de conviction a été reconnu comme un
droit non dérogeable. Parmi les activités qu'elle
comprenait, la liberté de partager ou d'enseigner une religion
ou une croyance a été particulièrement controversée.
Tandis que la Déclaration appelle à la protection
inconditionnelle du droit " interne " à la liberté
de religion, le droit " externe " de manifester sa conviction
est soumis à des limites. Les gouvernements ont autorisé
des restrictions à ce droit afin de " répondre
aux justes exigences de la moralité, de l'ordre public et
du bien-être général dans une société
démocratique ". Cependant, les États en font
souvent un usage abusif et dépassent les limites de l'interférence
gouvernementale dans les manifestations de la religion ou de la
conviction. Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la
liberté de religion ou de conviction, chargé en partie
de réaliser les objectifs de la Déclaration, a attiré
l'attention sur cet aspect crucial : " Il revient à
l'État de justifier les limitations à la liberté
de manifester sa religion ou sa conviction. Les mesures choisies
devraient promouvoir la tolérance religieuse et éviter
la stigmatisation d'une communauté religieuse quelconque.
De plus, les principes de justesse et de proportionnalité
doivent être pleinement respectés à la fois
par le gouvernement et lors d'un examen juridique possible. "
Un autre défi auquel les États sont confrontés
est le maintien de la cohésion sociale face à la montée
du pluralisme culturel. Souvent, la menace à la stabilité
sociale et les protestations violentes sont les raisons qui poussent
un État à satisfaire aux revendications d'une minorité.
Or, cette attitude alimente un modèle dangereux, répondant
à la violence, alors que les préoccupations des groupes
religieux restent ignorées. En matière de liberté
de religion ou de conviction, on ne peut sous-estimer la responsabilité
des chefs religieux à créer et à maintenir
une culture de coexistence pacifique. Vu le rôle important
de la religion en matière de motivation et de comportement,
il est clair pour la Communauté internationale Bahá'ie
que les mécanismes légaux à eux seuls ne suffiront
pas à réaliser le changement nécessaire. Nous
devons reconnaître que la religion a transmis un vaste patrimoine
spirituel, moral et civilisé dans lequel la majorité
des habitants de la planète continuent de puiser. Le défi
des chefs religieux est clair : identifier et défendre ces
principes spirituels qui peuvent répondre aux questions posées
par une époque qui a soif de justice et d'unité dans
les affaires humaines ou continuer d'attiser les flammes de la haine
au nom de la religion.
Les Nations Unies doivent affirmer catégoriquement le droit
de toute personne de changer de religion en vertu du droit international.
Conformément à la Charte de l'ONU, l'Assemblée
générale peut demander à la Cour internationale
de justice un avis consultatif sur le droit à la liberté
de religion ou de conviction, clarifiant si ce droit est devenu
une partie du droit international coutumier ou est laissé
à l'interprétation de chaque État. Cela apporterait
une force morale à la condamnation des politiques et des
pratiques qui violent le principe de non-discrimination. Les Nations
Unies devraient également articuler des normes pour l'application
du droit international, telles que des indicateurs marquant la présence
ou l'absence de liberté de religion ou de conviction. Un
rapport annuel, évaluant cette liberté, faciliterait
les comparaisons sur le temps et entre les régions géographiques.
L'anniversaire de la Déclaration de 1981 est l'occasion
de réexaminer cette liberté fondamentale et les moyens
de la protéger. Dans ses propres mots, " le Rapporteur
spécial encourage les gouvernements et les organisations
non gouvernementales à tirer profit de cette occasion afin
d'organiser des manifestations qui souligneront l'importance de
promouvoir la liberté ou la conviction et de lutter contre
la montée de l'intolérance ". Pour accomplir
cette tâche, la Communauté internationale bahá'ie
estime que nous devons ne pas être guidés seulement
par des nécessités juridiques mais qu'il nous faut
la placer dans le cadre d'une entreprise plus vaste destinée
à forger des attitudes et des pratiques qui permettent au
potentiel humain de se révéler et de s'épanouir.
L'esprit humain, doté de raison et de conscience, doit être
libre pour rechercher la vérité.
La Communauté internationale Bahá'ie est une organisation
non gouvernementale qui a des affiliés dans plus de 180 pays
et territoires, ce qui représente plus de 5 millions de membres
de confession Bahá'ie. Elle a pour mission de promouvoir
et d'appliquer les principes qui contribuent à la résolution
des problèmes auxquels fait face l'humanité et au
développement d'une civilisation unie, pacifique, équitable
et durable.
|