La démocratie peut-elle donner des résultats ? Oui.
Et c'est un point positif. La plupart des pays avec le niveau de
développement humain le plus élevé sont des
démocraties, les plus pauvres étant pour la plupart
des autocraties.
Mais la démocratie n'est pas nécessaire au développement
d'un pays. Singapour et la Corée du Sud, considérés
comme faisant partie des pays les plus riches au monde, en sont
la preuve : leur progrès rapide est dû aux niveaux
élevés de l'éducation et à la mise en
place de politiques économiques saines. En revanche, la Chine
et l'Inde, les nations les plus peuplées au monde, sont des
pays au niveau de développement moyen. La Chine autoritaire
(classée au 85e rang dans l'Indice du développement
humain) devance l'Inde (127e), mais est loin derrière le
Japon (11e) qui, avec l'Inde, a été la démocratie
la plus stable de l'Asie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
S'il n'y a aucun lien évident entre dictature et progrès
économique, ou entre démocratie et éduction
de la pauvreté, en quoi la démocratie est-elle essentielle
au développement ? Pour cons-truire la démocratie,
il faut utiliser les moyens adéquats. Les valeurs et les
processus démocratiques impliquent la paix, la réconciliation,
le dialogue, le consensus et surtout, le choix intellectuel et politique.
La stabilité des démocraties ne dépend pas
de la force, mais du consensus des gouvernés, qui ne put
être construit que par le biais de la démocratie. De
1950 à 1990, des émeutes et des manifestations ont
eu lieu dans de nombreux pays, mais elles ont eu des conséquences
plus déstabilisatrices dans les dictatures. En outre, il
y a eu plus de guerres dans les États autoritaires, entraînant
des coûts économiques élevés.
Les États défaillants ont tendance à être
autoritaires, comme l'ex-Union soviétique et la Yougoslavie,
qui étaient dans le passé considérées
comme des modèles de développement. Elles se sont
effondrées car leurs dirigeants intolérants n'ont
pu construire un consensus sur la libéralisation politique
et économique. Les dirigeants élus doivent avoir une
plus grande responsabilité vis-à-vis des électeurs,
ils sont ainsi plus incités à prendre des mesures
pour améliorer la vie des citoyens. Quelles que soient les
failles de la démocratie, aucun pays démocratique
n'a connu la famine, contrairement à de nombreux États
autoritaires, y compris l'Inde britannique, la Chine et le Zaïre,
où des millions de personnes sont mortes à cause de
famines causées par l'homme.
La démocratie implique que l'on se préoccupe des moyens
utilisés pour atteindre le développement, sans le
nombre important de morts causées et justifiées par
les dictateurs au nom de la modernisation. La pauvreté est
liée au manque de ressources, c'est un obstacle à
la libre expression des préférences politiques, à
l'organisation d'un gouvernement responsable, transparent et à
des possibilités offertes à tous. Cela ne signifie
pas nécessairement qu'un pays pauvre est moins démocratique,
ou un pays riche, libéral, mais que l'éradication
de la pauvreté pourrait contribuer à la réalisation
de la démocratie au sens le plus large du terme.
Ensemble, la démocratie et le développement permettent
aux peuples de choisir leurs dirigeants et leur style de société.
Ils peuvent se renforcer mutuellement : ils nécessitent la
primauté du droit, des tribunaux indépendants qui
peuvent faire respecter la loi de manière impartiale, des
partis politiques et des parlements qui représentent les
électeurs.
La démocratie et le développement se complètent
également l'un l'autre. Les choix politiques offerts par
la démocratie sont liés aux choix sociaux et économiques
offerts par le développement. Le choix - la liberté
de déterminer de son destin - est la marque à la fois
de la démocratie et du développement. Par les activités
diverses et variées utilisées pour faire progresser
le développement et la sécurité, la communauté
internationale devrait faire son possible pour augmenter ces choix.
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