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Les gains économiques réalisés par la Colombie
au cours des deux dernières années sont gravement
menacés par le trafic de drogues et les cultures illicites.
La culture du coca et du pavot a eu des conséquences néfastes
sur l'environnement, causant une perte annuelle de plus de 200 000
hectares de forêts. Ces cultures, pratiquées dans les
écosystèmes fragiles du pays, ont causé l'extinction
de nombreuses espèces végétales et animales
endémiques de la région andine, comme le magnifique
ours à lunette.
En plus de l'impact négatif sur l'environnement, les conséquences
sociales sur les communautés en général, et
en particulier sur les groupes autochtones, sont inquiétantes.
Dépendre du trafic de drogues brise l'unité des familles,
déforme les valeurs culturelles et génère des
processus qui déstabilisent l'ordre public. Cela a, par exemple,
corrompu les institutions publiques. Pour mener à bien leurs
activités, les trafiquants ont versé des pots-de-vin
et des commissions.
La recrudescence de la violence dans le pays a également
coïncidé avec la participation des Colombiens au trafic
de drogues et aux cultures illicites. Le secteur de la drogue a
soutenu la violence en finançant des groupes armés,
comme les guérilleros et les groupes paramilitaires. Selon
une étude du Bureau national de planification en Colombie,
60 % des revenus des Forces révolutionnaires armées
(FARC) provenaient du trafic de drogues, et certains chefs paramilitaires
des Forces unies d'autodéfense (AUC) ont reconnu que la plus
grande partie de leurs fonds en dépendaient. Pour chaque
dollar dépensé en cocaïne dans les rues de n'importe
quelle ville du monde, environ 10 % vont dans les poches des groupes
armés colombiens pour financer la violence.
En Colombie, la production du pavot à opium a augmenté.
Elle est devenue le premier producteur mondial de coca après
que les trafiquants de drogue ont réduit leur importation
de coca à partir du Pérou et de la Bolivie à
cause de l'augmentation du nombre de saisies par les contrôles
aériens et aux frontières. Les cultures illicites
en Colombie, dont la situation est considérée comme
l'une des plus complexes dans le monde, sont situées dans
les zones soustraites au contrôle de l'État, où
les titres fonciers sont pratiquement inexistants et où l'infrastructure
pour la commercialisation des produits légaux est minimale.
L'absence d'une réglementation de l'État dans de nombreuses
parties du pays permet aux trafiquants de convaincre les petits
paysans et les résidents autochtones de cultiver le coca
et le pavot à opium et de s'entendre avec les groupes armés
pour qu'ils protègent leurs cultures. Contrairement à
la perception populaire, un certain nombre de paysans et de Colombiens
autochtones qui cultivent le coca ou le pavot à opium ne
sont pas mal intentionnés, ni dépourvus d'une éthique.
En fait, ils y sont amenés pour des raisons économiques,
recherchant des opportunités de marché afin d'atteindre
une qualité de vie minimale. On estime qu'environ 100 000
familles colombiennes prennent part aux cultures illicites.
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La culture du coca ou du pavot à opium ne génère
pas de revenus importants pour ces paysans. On a calculé
qu'ils recevaient seulement moins de 1 %, soit environ 0,6 % du
total des profits. Étant donné que le prix de la cocaïne
ou de l'héroïne est beaucoup plus élevé
que les coûts de production, les trafiquants touchent la majorité
des profits. Généralement, les raisons qui poussent
les paysans à cultiver le coca ne sont pas tant les revenus
que la certitude de la commercialisation.
Au cours des années, on a réalisé que les
petits exploitants agricoles et de nombreux groupes autochtones
acceptaient d'abandonner les cultures illicites s'ils étaient
assurés d'avoir d'autres moyens de gagner leur vie et si
leurs revenus leur permettaient de vivre dans la dignité.
Dans certains cas, cependant, les cultures licites ne rapportent
pas autant que celle du coca. Les petits exploitants, cherchant
à fuir la violence et à réduire les problèmes
sociaux qui touchent leur famille, préfèrent cependant
se tourner vers les cultures licites. C'est pourquoi nous travaillons
depuis plusieurs années à identifier et à promouvoir
les cultures alternatives en remplacement du coca et du pavot, appelées
en Colombie " les produits de la paix " en raison de leurs
effets positifs.
Si les entreprises rurales produisaient des cultures traditionnelles,
comme le café, les haricots, le cacao, les bananes vertes,
les fruits et les curs de palmier, et si le secteur privé
se chargeait de la commercialisation de ces produits légaux,
des politiques plus durables et plus efficaces seraient adoptées
contre les drogues illicites en Colombie. L'Office des Nations Unies
contre la drogue et le crime a conclu plusieurs accords de commercialisation
avec des supermarchés dans le monde, comme Carrefour et Éxito-Casino
et, en même temps, compte sur le soutien de certaines organisations
commerciales européennes comme Andines pour aider à
l'élimination des cultures illicites de coca et de pavot.
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La drogue n'est pas seulement un problème colombien. D'autres
pays ont également leur part de responsabilité : ceux
où la consommation de drogues est importante, ceux qui facilitent
les filières de la drogue et ceux qui blanchissent l'argent
ou qui produisent les produits chimiques de base pour la production
de cocaïne ou d'héroïne. La collaboration mise
en place pour commercialiser les cultures alternatives ou les "
produits de la paix " sera d'une grande importance car elle
permettra de réduire les fonds destinés aux groupes
armés et ralentira les avancées des cultures illicites
dans les écosystèmes qui sont indispensables à
l'humanité.
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