Marie Rose n'a pas perdu son temps. À 34 ans, la réfugiée
burundaise de petite stature détient de nombreux diplômes
qu'elle montre avec un sourire timide mais fier. Ils certifient
qu'elle a acquis un éventail de compétences pendant
son séjour à Cuba dans diverses disciplines comme,
entre autres, l'espagnol, l'italien, l'informatique, le massage,
les techniques de négociation et le secrétariat. Vu
les nombreuses options offertes à Cuba où l'éducation
est gratuite pour tous, ce serait dommage de ne pas saisir cette
occasion unique ", dit Marie Rose. Tirant parti au maximum
de son séjour dans le pays, elle envisage déjà
de suivre un cours à l'université de la Havane.
Marie Rose, une Tutsie, a fui le Burundi où sa sur
et la famille de celle-ci ont été tuées par
des rebelles hutus. Elle est arrivée seule à Cuba
en avril 2004, ayant laissé son mari et ses enfants au pays.
La famille n'avait pas assez d'argent pour permettre à tous
ses membres de fuir et, bien que son mari ait été
amputé d'une jambe après avoir été roué
de coups, on avait estimé que la vie de Marie Rose était
plus en danger.
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Marie Rose montre
ses diplômes avec fierté PHOTO HCR/M. HOFFMANN |
Cuba, qui a survécu aux sanctions imposées depuis des
décennies par les États-Unis et à la suppression
des subventions importantes accordées par l'Union soviétique
suite à son effondrement, a connu des revers de fortune économique.
Mais malgré cela, Cuba a maintenu sa réputation de pays
qui fournit des soins de santé et une éducation gratuite
et de qualité, auxquels 700 réfugiés ont également
accès.
À Cuba, les réfugiés ne sont pas autorisés
à travailler et beaucoup dépendent des indemnités
versées par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés (HCR) qui les aident à survivre. Ceux
qui vivent dans des zones urbaines sont logés dans des maisons
privées, où ils ont leur propre chambre ainsi que l'accès
à une salle de bains et à une cuisine. Mais le budget
du HCR destiné aux réfugiés est constamment revu
à la baisse en raison de contraintes budgétaires. Comme
les Cubains, les réfugiés se débrouillent pour
trouver les moyens de bénéficier des produits subventionnés.
" Cuba est un pays où les gens sont chaleureux, efficaces
et généreux et même si une grande partie du temps
est consacrée à chercher de la nourriture pas chère
au marché, je suis contente d'être ici ", dit Marie
Rose, parcourant d'un air appréciatif son appartement agrémenté
de jolies plantes d'intérieur.
Les 697 réfugiés à Cuba sont tous ce qu'on appelle
des " réfugiés en vertu du mandat ", ce qui
signifie que le HCR leur a accordé le statut de réfugiés
parce que le gouvernement, qui n'a pas signé la convention
sur les réfugiés, ne dispose pas d'un mécanisme
pour reconnaître les réfugiés. Un statut de réfugié
en vertu du mandat leur accorde l'asile provisoire dans le pays, pendant
que le HCR, qui opère sur l'île avec un personnel minimum,
uvre pour trouver des pays qui les acceptent sur une base permanente.
Après avoir fui avec sa famille le régime oppressif
des talibans en Afghanistan, Ramin est arrivé à Cuba
en 2000 à l'âge de 14 ans. " J'étais pratiquement
analphabète quand je suis arrivé à Cuba, mais
j'ai eu la chance de faire des études dans un collège
technique. J'ai aussi appris l'anglais et l'espagnol. " En 2005,
après avoir passé cinq ans à Cuba, Ramin et sa
famille sont allés vivre en Finlande. L'adaptation n'a pas
été facile. " C'est comme si vous étiez
dans un four et que, soudainement, vous vous retrouvez dans un réfrigérateur
", commente-t-il. Mais ce n'était pas seulement une question
de climat. " Cuba et la Finlande sont totalement différents.
Ici, les gens sont très calmes. On peut à peine savoir
si quelqu'un est dans les parages. Ils sont également très
timides et ils ne se font pas des amis facilement, mais ce sont des
gens agréables et honnêtes. " Au moment où
Ramin a quitté Cuba, il faisait des études de dentisterie
à l'université de La Havane. Ses ambitions ont changé
et il a fait une demande pour étudier le droit international.
" J'espère que je réussirai l'examen. J'aimerais
beaucoup travailler dans un organisme comme le HCR pour aider des
milliers de personnes dans le besoin. "
Marie Rose est toujours à Cuba, attendant sa réinstallation.
" Je veux retrouver mon mari et mes trois enfants ", explique-t-elle,
son visage souriant dissimulant les horreurs qu'elle a connues avant
de pouvoir s'enfuir. Elle a reçu des menaces et des coups,
mais elle regarde vers l'avenir, aspirant à un nouveau commencement.
" Et nous aurons une vie meilleure. J'espère que je pourrai
utiliser tout ce que j'ai appris à Cuba ", dit-elle dans
un espagnol parfait. |