Je vous remercie vivement des félicitations que vous m'avez
adresssées et de vos paroles d'encouragement. C'est avec
une immense gratitude pour la confiance que les États Membres
m'ont témoignée et une détermination profonde
à honorer cette confiance que j'accepte humblement la nomination
au poste de huitième Secrétaire général
de cette formidable Organisation, les Nations Unies. Je tiens à
exprimer mon respect et mes remerciements les plus profonds à
tous les dirigeants et à tous les peuples des États
Membres pour leur soutien.
Je succède à une ligne prestigieuse de dirigeants.
Ils ont aussi fait face à ce moment, chacun à une
étape importante de l'histoire de l'Organisation. Comme moi
aujourd'hui, ils ont dû se demander ce que l'avenir leur réserverait
à la tête de cette institution dynamique. Chacun d'entre
eux a contribué de manière importante et durable à
notre entreprise commune en soutenant les valeurs et les aspirations
les plus profondes de l'humanité.
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PHOTO ONU/MARK
GARTEN |
Vous, M. Le Secrétaire général, (Kofi Annan),
en particulier, avez guidé l'Organisation en ce début
du vingt et uniène siècle de manière habile.
Vous avez défini un agenda ambitieux qui a rendu les Nations
Unies indispensables à la paix, à la prospérité
et à la dignité humaine dans le monde. Notre dette
envers votre courage et votre vision n'est pas mesurable. Je suis
résolu à poursuivre votre uvre.
En nommant le prochain Secrétaire général avec
une telle rapidité, vous avez créé une opportunité
sans précédent. Jamais auparavant un Secrétaire
général désigné n'a eu suffisamment de
temps pour se préparer. Vous m'avez donné plus de deux
mois. Je mettrai ces semaines à profit pour engager de nombreuses
consultations afin de poursuivre de manière optimale notre
agenda commun de réforme et de revitalisation. Je serais attentif
à vos préoccupations, vos attentes et vos critiques.
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PHOTO/MISSION
DE LA REPUBLIQUE DE COREE |
Je suis fier d'être le deuxième Asiatique à
diriger l'Organisation, après U Thant, qui a servi le monde
de manière compétente pendant quatre décennnies.
Il est tout à fait pertinent que vous vous soyez à
nouveau tournés vers l'Asie pour que le prochain Secrétaire
général guide le système de l'ONU pendant sa
septième décennie. L'Asie est dynamique et diverse,
et elle aspire à assumer de plus grandes responsabilités
mondiales. Ayant parcouru un long chemin et poursuivant son essor,
la région vit et façonne le vaste éventail
des réalisations et des défis de notre époque.
L'Asie est aussi une région où la modestie est une
vertu. Mais la modestie marque la façon d'être, non
pas la vision ou le but à atteindre. Elle ne signifie pas
le manque d'engagement ou de leadership, mais plutôt une détermination
calme pour faire avancer les choses sans fanfare. Ceci représente
peut-être la clé du succès de l'Asie, et celle
du futur de l'ONU.
De fait, notre Organisation est modeste dans ses moyens mais pas dans
ses valeurs. Nous devrions être plus modestes avec les mots
mais pas avec les performances. La véritable clé du
succès de l'ONU n'est pas tant ce qu'elle promet mais ce qu'elle
fait pour ceux qui en ont le plus besoin. Étant donné
les objectifs et les principes de notre organisation, il n'est pas
besoin d'en faire les louanges ou de prêcher ses vertus. Nous
devons simplement les vivre chaque jour - pas à pas, programme
par programme, mandat par mandat.
La demande croissante des services de l'ONU atteste non seulement
de sa pertinence mais aussi du rôle central que les Nations
unies jouent pour promouvoir la dignité humaine. Aujourd'hui,
le monde a plus que jamais besoin de l'ONU. Au siècle précédent,
la mission essentielle de l'ONU était de prévenir les
guerres entre les pays. En ce nouveau siècle, elle a pour mandat
de renforcer le système de relation entre les États
pour mieux servir l'humanité face aux nouveaux défis.
Des Balkans à l'Afrique, de l'Asie au Moyen-Orient, nous avons
vu que l'affaiblissement ou l'absence d'une gouvernance efficace ont
conduit à l'anéantissement des droits de l'homme et
à l'abandon des principes humanitaires de longue date. Nous
avons besoin d'États compétents et responsables pour
répondre aux besoins de " nous, les peuples " pour
qui l'ONU a été créée. Et les peuples
du monde ne seront pas servis pleinement si la paix, le développement
et les droits de l'homme - les trois piliers de l'ONU - ne progressent
pas ensemble avec la même vigueur.
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"
Le chemin a été long depuis ma jeunesse dans une
Corée destituée et déchirée par
la guerre jusqu'à cette tribune et les immenses responsabilités
qu'elle représente. J'ai pu faire ce voyage parce que
l'ONU était aux côtés de mon peuple dans
les jours les plus sombres. Elle nous a donné l'espoir
et son soutien, et apporté sécurité et
dignité. Elle nous a montré une meilleure voie.
"
(Cette photo prise le 24 janvier 1951 montre des civils coréens
fuyant les combats.) PHOTO ONU |
Le chemin qu'il faut emprunter pour réaliser la paix, la
prospérité et la dignité est semé d'embûches.
En tant que Secrétaire général, j'utiliserai
au mieux l'autorité que me confère la Charte et le
mandat que nous m'avez confié.
Je travaillerai avec diligence pour assumer notre responsabilité
de protéger les plus vulnérables membres de l'humanité
et pour résoudre pacifiquement les menaces posées à
la sécurité internationale et à la stabilité
régionale. Afin de répondre à ces mandats et
à ces attentes de plus en plus importantes, nous avons entrepris
la plus grande réforme de l'histoire de l'Organisation. L'ampleur
de ce projet a mobilisé toute l'attention et l'énergie
à la fois des délégations et du Secrétariat.
Mais nous devons maintenir le cap. Nous devons rassembler les ressources
humaines, institutionnelles et intellectuelles et les réorganiser.
Nous devons contribuer à la réalisation des Objectifs
du Millénaire pour le dévelopement et faire face à
l'extension des opérations de paix, aux menaces posées
par le terrorisme, à la prolifération des armes de destruction
massive, à la pandémie du VIH/sida et autres grandes
épidémies, à la dégradation de l'environnement
et aux impératifs des droits de l'homme.
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PHOTO/MISSION
DE LA REPUBLIQUE DE COREE |
Nous ne réformons pas pour plaire, mais parce que nous accordons
de la valeur aux idéaux de l'Organisation. Nous la réformons
parce que nous croyons en son avenir. Revitaliser notre entreprise
commune, c'est renouveler notre confiance non seulement dans les
programmes et les objectifs de l'ONU, mais aussi envers chacun d'entre
nous. Pour dissiper l'atmosphère de méfiance, il faudra
engager un dialogue plus intense. Nous ne pouvons pas tout changer
du jour au lendemain. Mais si nous faisons des choix judicieux et
travaillons ensemble dans la transparence en faisant preuve de souplesse
et d'honnêteté, nous pouvons accomplir des progrès
dans certains domaines, puis les étendre à nombreux
autres. Seuls les États Membres peuvent revitaliser cette
Organisation. Mais je serai toujours présent pour apporter
mon appui et mon assistance quand il le faudra.
(En français dans le texte) En tant que Secrétaire
général, je suis determiné à gérer
le Secrétariat d'une manière ouverte et responsable.
Je chercherai à établir un consensus articulé
autour d'un échange libre d'idées et de critiques.
C'est seulement au moyen d'une grande sincérité et
d'une discussion ouverte sur les idées et les propositions
que nous serons à même de mieux identifier la façon
de servir les peuples du monde entier. J'essaierai d'agir activement
afin d'être à la disposition de tous les intéressés.
En particulier, pour rendre l'ONU plus proche de l'humanité,
je vais travailler pleinement pour que la société
civile s'engage sur la voie du dialogue. Je ferai en sorte d'obtenir
l'aide et la participation des organisations de soutien à
des causes humanitaires, du monde des affaires et des autres composantes
de la société civile à travers le monde et
ce, pour le bien de l'Organisation. Mon mandat sera marqué
par les efforts incessants que je ferai pour établir des
passerelles et combler les écarts. Un leadership harmonieux,
exemplaire, refusant la division, et évitant trop de directives
abruptes, m'a toujours servi. Comme Secrétaire général,
je tiens donc à rester fidèle à ces principes.
Je serai entièrement responsable pour la gestion du Secrétariat.
Les États membres établissent les mandats et fournissent
les ressources. Si les ressources me paraissent insuffisantes pour
relever les défis, je n'hésiterai pas à vous
le dire. Mais une fois que nous, au Secrétariat, avons décidé
d'assumer la charge de notre mission, nous devons être entièrement
responsables pour la mener à bien.
J'ai hâte de rejoindre les rangs de ce secrétariat
mondial. J'ai le plus grand respect et une admiration profonde pour
les hommes et les femmes compétents, dévoués
et courageux qui servent cette Organisation au jour le jour, souvent
exposés au danger et au prix de sacrifices personnels. Je
leur promets mon soutien, mon dévouement et ma solidarité.
Maintenir leur héritage, tout en leur demandant de respecter
les normes de professionnalisme et d'intégrité les
plus élevées, sera le premier objectif de mon mandat.
L'Objectif de la réforme du Secrétariat n'est pas
de pénaliser mais de récompenser, afin que les compétences,
l'expérience et le dévouement de ces hommes et femmes
puissent être totalement mobilisés et utilisés
comme il se doit.
Je veillerai à récompenser le dur travail et l'excellence
des résultats pour renforcer le moral, à rendre chacun
responsable de son action ou de son inaction et à promouvoir
la parité entre les sexes, en particulier aux échelons
élevés, en même temps que je rassemblerai le
personnel du Secrétariat pour obtenir une performance optimale
au service de l'Organisation. En tant que Secrétaire général,
je suis loin d'être parfait, et j'aurai besoin du soutien
généreux, de la coopération et de la confiance
de tous. Mais je m'engage à vous servir de tout mon cur
et au mieux de mes capacités. Je chercherai l'excellence
avec humilité. Je dirigerai en montrant l'exemple. Les promesses
prises devraient être tenues. Cela a toujours été
ma devise. J'ai l'intention de la suivre en travaillant avec toutes
les parties prenantes pour que l'Organisation des Nations Unies
honore ses promesses.
Je suis profondément reconnaissant à mon pays et à
mon peuple de m'avoir envoyé ici. Le chemin a été
long depuis ma jeunesse dans une Corée destituée et
déchirée par la guerre jusqu'à cette tribune
et les immenses responsabilités qu'elle représente.
J'ai pu faire ce voyage parce que l'ONU était aux côtés
de mon peuple dans les jours les plus sombres. Elle nous a donné
l'espoir et son soutien, et nous a apporté sécurité
et dignité. Elle nous a montré une meilleure voie.
Je me sens donc chez moi aujourd'hui, quels que soient les nombreux
kilomètres parcourus et les nombreuses années écoulées.
Pour le peuple coréen, le drapeau de l'ONU a été
et demeure le phare illuminant des jours meilleurs. De nombreuses
histoires témoignent de cette foi. L'une me concerne. En
1956, alors que la guerre froide faisait rage dans le monde, j'ai
été choisi, à l'âge de 12 ans, par mon
école élementaire pour lire un message public adressé
au Secrétaire général des Nations Unies, M.
Dag Hammarskjold. Nous lui demandions d'aider le peuple d'un pays
d'Asie éloigné dans sa lutte pour la liberté
et la démocratie. Je comprenais à peine le sens profond
du message, mais je savais que l'ONU était là pour
apporter son appui en cas de besoin.
Cinquante ans après, le monde est beaucoup plus complexe
et les acteurs sont de plus en plus nombreux. Durant ces années,
j'ai voyagé de nombreuses fois de par le monde. J'ai été
enthousiasmé par les succès de l'ONU qui ont apporté
une meilleure vie à d'innombrables personnes. J'ai aussi
été attristé par ses échecs. Dans trop
d'endroits, j'ai été consterné par l'inaction
de l'ONU, ou par des actions trop insuffisantes ou trop tardives.
Je suis résolu à chasser les désillusions.
J'espère sincèrement que les jeunes garçons
et les jeunes filles d'aujourd'hui grandiront en sachant que l'ONU
travaille pour leur construire un avenir meilleur. En tant que Secrétaire
général, je partagerai leurs espoirs et entendrai
leurs appels. Je suis optimiste et plein d'espoir pour le futur
de notre Organisation mondiale. Travaillons ensemble pour que les
Nations Unies jouent un rôle plus vaste et plus efficace.
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