Chronique ONU

" NE DÉSERTEZ PAS LES TERRES ARIDES "
ELLES PEUVENT RÉPONDRE À VOS BESOINS

Par Paritosh Kasotia

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L'article

Les Nations Unies ont déclaré 2006 l'Année internationale des déserts et de la désertification (AIDD) afin de sensibiliser le public et de protéger la diversité biologique, y compris le savoir et les traditions des communautés touchées par la désertification. AIDD vise également à fournir un cadre pour donner aux populations les moyens d'agir sur leur environnement et de travailler en tant que partenaires vers un objectif commun.

Les principales causes de la désertification sont la surexploitation et la mauvaise gestion des terres agricoles. Une meilleure gestion, une irrigation plus efficace et le développement d'activités non agricoles pour les populations vivant dans ces régions pourraient permettre de traiter ce problème. Il est plus facile de prévenir la désertification que de l'inverser. PHOTO PNUD © THIEN ANH HUYNH

La désertification touche des millions de personnes dans le monde. Environ 30 % de la surface terrestre du globe sont des terres arides qui abritent 900 millions de personnes. Les causes les plus courantes de ce problème écologique grave sont l'utilisation des terres et les pratiques agricoles inadéquates, une densité de population élevée et des changements dans les modes de cultures. D'après le Consortium sur la désertification, la sécheresse, la pauvreté et la recherche agricole, les autres causes sont : la sécheresse, qui détruit la couverture végétale, le changement climatique ou les variations climatiques responsables de la hausse des températures dans certaines régions; la croissance démographique, qui entraîne une surexploitaton des terres en raison de l'augmentation de la productivité; la pauvreté, qui affecte la qualité des terres, les populations ayant tendance à surutiliser les ressources disponibles; les défaillances institutionnelles, en particulier l'absence de politiques destinées à encourager l'utilisation durable des terres, qui peuvent entraîner leur dégradation; une infrastructure inadéquate et un accès limité au marché, qui empêchent de nombreuses régions à produire de manière plus efficace; l'absence d'une technologie adéquate peut entraîner des pratiques agricoles non durables et inefficaces; et le manque de recherche et de développement en matière de développement et de conservation des ressources naturelles, qui contribue à détériorer l'environnement sur le long terme. La perte de la biodiversité affecte aussi les moyens de subsistance des populations car la productivité agricole diminue et menace la sécurité alimentaire.

Selon le Secrétariat de la Convention de l'ONU sur la lutte contre la désertification, la désertification entraîne une perte agricole de 42 milliards de dollars, contribue à l'insécurité alimentaire, à la famine et à la pauvreté et peut engendrer des tensions sociales, économiques et politiques qui ont des conséquences néfastes, comme la pauvreté, l'instabilité politique, le déplacement des populations et les conflits armés entre les pays voisins. C'est l'Afrique qui paie le plus lourd tribut, où on estime qu'environ 34 % des terres sont menacées, y compris en Afrique méditerranéenne et dans la région soudano-sahélienne. La raison principale de ce problème vient de la mauvaise gestion des activités agricoles. Comme l'a déclaré l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), " on constate depuis trente ans ou plus une dégradation constante de l'environnement en Afrique ". L'augmentation du bétail due à la croissance démographique a également saturé la capacité des terres pastorales. D'après Lloyd Timberlake, auteur de L'Afrique en crise, la région " a dépassé les limites de son avoir environnemental ", ce qui provoqué une " banqueroute de l'environnement ".

Cette question a été abordée pour la première fois à Nairobi, au Kenya, en 1977, lors de la Conférence de l'ONU qui a adoptée un Plan d'action pour lutter contre la désertification. De plus, le Sommet de la Terre 1992, à Rio de Janeiro, a reconnu la nécessité d'adopter une approche intégrée mettant l'accent sur la promotion d'un développement durable au niveau local. La Conférence a également recommandé de créer un comité intergouvernemental de négociation pour élaborer une convention sur la lutte contre la désertification, qui a été adoptée par l'Assemblée générale en 1994 et est entrée en vigueur en 1996. Jusqu'ici, 179 pays ont ratifié le traité.

Un grand nombre d'États Membres de l'ONU prennent également des mesures drastiques pour sensibiliser et éduquer le public. En Chine, où la désertification est un problème préoccupant, un programme appelé " Mur vert " a été créé - une plantation d'arbres s'étendant sur 4 500 km, le projet écologique considéré le plus ambitieux au monde et dont le coût s'élève à 8 milliards de dollars. Toutefois, de nombreux scientifiques, comme Dee Williams, un anthropologue du Département de l'Intérieur des États-Unis, ont considéré qu'il serait plus judicieux que le gouvernement chinois mette en place des solutions politiques, telles que l'octroi de subventions aux agriculteurs pour qu'ils réduisent la taille de leurs troupeaux et l'augmentation du prix de l'eau pour encourager la conservation et les pratiques agricoles durables. De même, l'auteur et l'écologiste Alex Steffen a souligné l'importance d'une approche collaborative descendante, estimant qu'" une approche directive où des bureaucrates à Beijing décident sur une carte où planter des arbres " ne donnera jamais les mêmes résultats que la participation directe des villageois, dont les champs sont menacés par les sables mouvants ". Même la Convention considère que la responsabilisation au niveau local est vitale dans la lutte contre la désertification. Mais les scientifiques ont réalisé qu'il était impossible d'appliquer la même théorie à toutes les régions et ont préconisé une approche holistique. Des communautés ont pris des mesures pour contrôler et combattre la désertification. Par exemple :

La coopérative de Tenadi (Mauritanie) : La Coopérative de Tenadi a pris des mesures innovantes pour réduire les effets de la sécheresse et de la désertification en Mauritanie, qui ont décimé environ 90 % du bétail. Fondée en mai 1975 par plus de 2 000 familles, elle a réalisé des forages équipés de pompes immergées et a reboisé une superficie de 80 hectares pour arrêter le l'avancée des dunes. Elle a également utilisé des méthodes agricoles innovantes en plantant une pépinière qui sert de brise-vent ainsi qu'une oasis où il est possible de faire pousser des culture sous les palmiers.

Le village de Struizendam (Botswana)
: Dans le sud du Botswana, les villageois luttent contre l'avancée des dunes de sable, et dans la village de Struizendam, un nouveau comité de gestion des ressources cherche à rétablir la végétation locale et à ralentir la désertification. Avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), un projet a été conçu pour préserver non seulement la végétation et la faune mais aussi les ressources locales, comme le bois de chauffage, les terres de pâturage et les plantes médicinales, en s'appuyant sur le savoir autochtone et les systèmes traditionnels de gestion des terres, comme la pose d'un grillage autour d'une partie des terres à pâturage communales afin de permettre à la terre de se régénérer et la plantation d'espèces locales pour réduire le mouvement des dunes de sable. Environ 13 villages ont mis en œuvre ce projet. Des projets similaires sont en cours de développement dans deux régions du Kenya et deux sites dans le nord du Mali.

La communauté de Shantumbu (Zambie) : La principale cause de la désertification à Shantumbu est l'utilisation inadéquate des ressources. L'utilisation d'engrais chimiques a non seulement réduit la productivité agricole, mais a également appauvri les terres. N'ayant pas les moyens d'utiliser les engrais à long terme, les villageois ont abandonné les terres cultivables traditionnelles et ont détruit les forêts, y compris les forêts autochtones, ce qui a entraîné une plus grande érosion des sols et une réduction de la productivité. Mais grâce à l'Alliance des femmes zambiennes, la communauté a abandonné ces pratiques non durables et a cherché des sources alternatives d'énergie et de revenus, dont l'utilisation de cuisinières qui utilisent, en plus du charbon de bois, des petites branches d'arbres, de la sciure et des bouses de vache. De plus, pour empêcher la destruction des forêts autochtones, les membres de la communauté sont encouragés à avoir d'autres activités rentables, comme l'élevage de poulets et de porcs.

Le mouvement des femmes ougandaises pour la plantation d'arbres (UWTPM) : Créé en 1985, cette organisation travaille avec les femmes rurales pour promouvoir des activités, comme le reboisement et la conservation, qui incluent des activités respectueuses de l'environnement et génératrices de revenus. Les femmes ougandaises travaillent généralement dans les champs, cultivent la terre, élèvent des animaux domestiques. Leur revenu est essentiel pour la survie de leur famille et de leur communauté. Le travail d'UWPTM axé sur l'apprentissage des techniques de conservation est d'autant plus crucial qu'il a un effet direct sur la population ciblée, c'est-à-dire les femmes rurales.

L'International Small Group and Tree Planting Progamme (Kenya) : Des incitations économiques ont été offertes aux agriculteurs kényans pour qu'ils plantent des arbres afin de réduire la présence excessive de dioxyde de carbone dans l'environnement. Lorsque les agriculteurs acceptent de participer à ce commerce mondial de carbone, l'International Small Group and Tree Planting Programme et la Clean Air Action Corporation leur verse une somme d'argent. Leur rémunération est proportionnelle à la quantité de dioxyde de carbone qu'ils éliminent de l'atmosphère, ce qui est calculé à l'aide de technologies de pointe, comme le système de positionnement mondial.

Le Mouvement de la ceinture verte : L'une des organisations locales les plus efficaces, le Mouvement de la ceinture verte est né d'une idée simple : planter des arbres. Créé en 1976 par Wangari Muta Maathai, le mouvement a aidé la population locale à planter plus de 30 millions d'arbres. Ses efforts et ceux de son mouvement ont été reconnus par la communauté internationale, comme l'atteste le prix Nobel de la paix qui lui a été attribué en 2004. Un grand nombre de pays africains, comme la République unie de Tanzanie, l'Ouganda, le Malawi, le Lesotho, l'Éthiopie et le Zimbabwe, ont suivi une voie similaire.

Ces initiatives montrent que la lutte contre la désertification ne peut être menée sans la participation des communautés locales. L'avenir des groupes autochtones étant étroitement lié à celui de l'environnement, il est vital de les éduquer et de les former pour qu'ils apprennent à sauvegarder l'environnement. " Prenez soin de la Terre et elle prendra soin de vous. "

 
 
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