Un concours de films américains créatifs permet à
une nouvelle génération de jeunes de trouver leur
voix et de redéfinir leur image. Ils apprennent, tant individuellement
que collectivement, comment leur prise de position et leur participation
au dialogue local, national et mondial peuvent faire la différence.
Considérés comme des leaders naturels, ces jeunes
issus d'horizons différents, dénommés "
la génération Y " ou " la génération
montante ", sont passionnés et idéalistes. Ils
sont également inclusifs, travaillant ensemble pour accroître
la prise de conscience non seulement parmi leur propre groupe d'âge
mais aussi parmi les autres générations.
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Le lauréat
de FYI Tim Leaton installe une caméra à l'orphelinat
de Canaan en Ouganda, en Afrique. PHOTO/TIM LEATON |
Pourtant, dans de nombreux pays, les statistiques montrent que les
jeunes sont les membres de la société les moins engagés
politiquement. Dans les pays démocratiques, cela se manifeste
souvent par un taux de participation électorale moins élevé
que celui des plus âgés. Toutefois, cela ne reflète
pas l'immense contribution qu'ils veulent faire à la société.
Des rapports montrent que les étudiants, ainsi que les jeunes,
veulent façonner le monde de manière concrète.
En fait, dans de nombreuses cultures, ils sont très nombreux
à travailler dans le secteur bénévole et sont
actifs dans la communauté locale.
Heathcliff Rothman, un journaliste et un entrepreneur social américain,
a cherché comment les inspirer pour qu'ils prennent des responsabilités
et s'engagent dans la vie civique. Il a eu l'idée de demander
à des jeunes de prendre position dans leur vie et dans le
monde en documentant par le film les sujets qu'ils jugent importants.
C'est ainsi qu'est né le projet éducatif appelé
FYI - Film Your Issue (Filmez le sujet qui vous tient à cur).
Dans ce concours de films traitant des sujets précis, des
jeunes âgés de 18 à 26 ans sont invités
à créer des documentaires ou des films animés
de 30 à 60 secondes qui mettent en valeur les nombreuses
questions qui nous concernent tous. Actuellement, seuls les résidents
américains peuvent participer au concours mais, en 2007,
les films étrangers seront également acceptés.
Les objectifs sont multiples. Le premier est d'éduquer la
prochaine génération de leaders sur l'importance des
droits de l'homme et le pouvoir de chaque personne. Les participants
sont encouragés à mettre en valeur leurs points de
vue et leurs opinions. Les films de 2006 ont couvert un vaste éventail
de sujets, comme le manque de communication, les relations entre
les pays riches et les pays pauvres, les stéréotypes
sur les handicapés, les comportements sexuels sans risque,
l'image de la beauté et du corps et la recherche du sensationnel
dans les médias et le gouvernement.
FYI a créé une plate-forme de dialogues multilatéraux.
Des jeunes adultes utilisent leurs films comme catalyseurs, créant
un débat et suscitant un échange d'idées créatrices
entre des générations, des cultures et des sociétés
différentes, ce qui encourage la prise de conscience et le
bien-être. C'est aussi un outil important qui permet de relier
les jeunes du monde entier et de renforcer les partenariats pour
que les futurs leaders puissent instaurer la paix parmi les nations.
Tandis que FYI a créé une plate-forme permettant aux
jeunes vivant aux États-Unis de faire entendre leur voix
et de dialoguer, d'autres organisations locales dans le monde ont
créé un cadre pour que des gens puissent filmer des
sujets qui leur importent. Par le pouvoir des médias, ces
programmes éducatifs permettent de communiquer et de résoudre
les problèmes humains.
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Le finaliste Benjamin
Snow aux studios de la BBC à New York. PHOTO/BENJAMIN
SNOW |
C'est seulement par le dialogue que les partenariats entre des groupes
divers peuvent se former. Lorsque les générations plus
âgées partagent des informations importantes avec les
plus jeunes générations, les leaders actuels encouragent
l'autonomisation des jeunes pour qu'ils deviennent eux-mêmes
des leaders et agissent pour réduire les écarts sociaux.
Dans une lettre ouverte, qui figure sur le site Internet de FYI (www.filmyourissue.com),
le Dalaï Lama explique ave éloquence la nature du message
de FYI : " Je crois qu'il est important que les questions comme
la construction de la paix dans le monde, la sauvegarde de l'environnement
et la protection des droits de l'homme ne soient pas seulement l'affaire
des adultes et que les jeunes y participent aussi. [
] Je demande
à vous tous de saisir cette opportunité qui vous est
offerte et de l'utiliser pour créer des films de courte durée
qui auront un impact. "
Depuis sa création, FYI a été reconnue et a
reçu un soutien des grandes entreprises mondiales, y compris
d'organisations à but non lucratif et d'universités.
Cette initiative est parrainée par des dirigeants internationaux,
ainsi que par des directeurs de grands studios de cinéma
et de télévision, Internet, des sociétés
de musique, d'édition, des acteurs et des journalistes de
renom. Les jeunes ont une conscience sociale et comprennent clairement
les questions complexes, avec une propension à devenir l'une
de générations les plus dynamiques de notre temps.
" Je vois que chaque individu est un représentant de
l'humanité ", a commenté Scott Hamann, un lauréat
du concours de FYI. Âgé de 25 ans, ce cinéaste
du Maine a produit " Ubuntu : Humanity " au cours de son
année de licence. Lors d'un entretien, il a déclaré
que " la pauvreté abjecte, le génocide et le
VIH/sida sont les défis qui caractérisent sa génération.
[
] Ma génération se soucie du tiers-monde. Au
cours de notre vie, il faudra que nous apprenions à vivre
avec eux. Le terrorisme est simplement le symptôme de notre
négligence ". " Ubuntu " est un mot africain
qui, d'après l'archevêque Desmond Tutu, signifie "
je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous
". Si vous souffrez, je souffre. Si vous gagnez, nous gagnons
tous. Quand nous, en tant que pays, défendons les actes dégradants
ou la torture, nous nous dégradons nous-mêmes. On ne
peut pas séparer le rêve américain du rêve
humain. Ce message de S. Hamann était clairement énoncé
dans son film. " Je ne peux pas décrire à quel
point ce concours m'a transformé. FYI a redonné vie
à mon idéalisme. Il m'a donné une voix pour
partager mes croyances avec les médias du monde ", a-t-il
conclu.
Au travers FYI, d'autres jeunes visionnaires se servent de leur
film pour susciter une action sociale collective et influer sur
les questions auxquelles fait face la société. Tim
Leaton, un étudiant dynamique de 22 ans venant de Virginie
et un lauréat du concours, a tourné son film "
Orphans in Africa " (Orphelins en Afrique) alors qu'il visitait
l'orphelinat Canaan Children's Home, en Ouganda. " J'ai récemment
parlé de ces enfants de Canaan à la radio avec le
maire de Los Angeles. C'était un grand honneur. FYI peut
donner accès aux jeunes comme moi à des voies médiatiques
auxquelles nous ne pourrions pas accéder. C'est ce qui rend
FYI unique. On peut vraiment faire la différence. Avec un
film d'une minute, j'ai reçu un immense feed-back. Un grand
nombre de personnes m'ont demandé des informations sur l'orphelinat,
certaines offrant d'aider les orphelins ", a-t-il indiqué.
Inspirée par le travail de Tim Leaton, une autre lauréate
du concours a fait don de son prix - un ordinateur portable - à
l'orphelinat. T. Leaton, qui s'est vu offrir un stage d'été
dans les studios Walt Disney après avoir gagné le
concours, a dit : " FYI m'a montré qu'en fait, tout
le monde pouvait apporter du nouveau, qui que l'on soit ou quoi
que l'on fasse. J'ai aussi appris à ne pas abandonner un
projet sans m'y être donné d'abord à fond. Pour
vraiment avoir un impact, il faut tout donner. "
Benjamin Snow, un finaliste de 19 ans, a produit " Thumbs Down
to Pity ". Cet étudiant du Colorado, confiant et direct
souffre d'infirmité motrice cérébrale. "
Essayer de faire comprendre le handicap a toujours été
important pour moi. C'est une partie de notre vie, comme la couleur
de vos cheveux ", a-t-il expliqué. Dans son film, il
a voulu montrer que les handicapés jouissent généralement
d'une plus grande qualité de vie qu'elle n'apparaît
habituellement dans les films et les médias. Depuis le concours
FYI, le ministère du Travail des États-Unis et dix
universités ont demandé des copies du film à
des fins éducatives. " On m'a commandé plus de
100 copies. " B. Snow a également été
invité à un nombre de forums en 2006 et en 2007.
À l'ère de l'information et de la technologie, les
outils multimédias, comme les films et Internet, sont devenus
le langage préféré de cette génération.
Les organisations comme FYI y sont sensibles et tirent parti de
leurs idées et de leur volonté de faire la différence.
" Le film est un outil médiatique qui contribue au changement
social dans notre société. Il permet d'évaluer
nos comportements culturels et de les changer pour le mieux. Il
nous ouvre les yeux sur de nombreuses choses que nous ignorerons
autrement ", a déclaré Gabriel Veenendaal de
l'Utah, âgé de 25 ans, l'un des six lauréats
du concours. Son film " Innocence Lost " (Innocence perdue)
traite des abus sexuels sur les enfants.
Raconter des histoires est une forme ancienne très ancrée
dans la nature humaine. Trop souvent, la culture et le langage sont
utilisés pour définir, catégoriser ou séparer
les êtres humains. Toutefois, le film va au-delà de
ces limites et transcende l'expérience humaine. Les jeunes
d'aujourd'hui comprennent le pouvoir de l'image - cela fait partie
de leur vie. Armés du savoir-faire technologique et d'appareils
numériques, comme les caméras vidéo, ils expriment
leurs idées et en débattent. Les forums comme FYI,
qui exploitent avec succès les atouts de l'Internet et la
rapidité de la communication, leur permettent de présenter
leurs films et leurs messages à un public plus vaste. Selon
Fred Block, professeur à l'University of California, Davis,
" dans un mouvement, la logique, la justice ou même des
millions de membres ne suffisent, il faut pouvoir raconter des histoires
fortes ".
La liberté d'expression et la communication sont des cordons
onbilicaux qui nous relient les uns aux autres, qui donnent à
FYI toute sa pertinence. En tant que mouvement civique, Film Your
Issue, de par sa nature, encourage ses participants et ses facilitateurs
à trouver leur talent et leur valeur, à évoluer,
à se connecter, à s'exprimer et à identifier
les changements qu'ils veulent faire. L'expression et la communication
nous aident à clarifier, à comprendre le monde qui
nous entoure et à y trouver notre place. En tant qu'outils
qui nous permettent de nous révéler, de créer
nos communautés et, finalement, d'exprimer nos points de
vue, elles sont les voies de la liberté. Quand on fait entendre
sa voix, on est doté d'un plus grand pouvoir. Tolérer
ou ignorer une question vitale nous laisse impuissant, trahit ce
que l'on est réellement et engendre une vie sans joie, sans
paix d'esprit et sans lien avec la société. Comme
le disait Martin Luter King, " nous commençons à
mourir le jour où nous gardons le silence à propos
des sujets importants ".
Prendre position nous inspire et nous rend plus forts. Quand nous
prenons position sur une question cruciale et que nous nous engageons
à servir une cause, c'est un acte de courage. Prendre position
dissipe les peurs et les doutes et nous donne l'espace pour créer.
Cela nous permet de contourner les obstacles, même quand cela
semble impossible. Prendre position est le meilleur moyen de déclarer
ses intentions et d'entreprendre une action. Un grand nombre de
participants ont pris position et ont assisté à l'émergence
d'un nouveau paradigme de la coexistence humaine. Les jeunes adultes
envisagent un avenir plus brillant pour eux-mêmes et ont la
confiance nécessaire pour exprimer leurs rêves et leur
avenir, en tant qu'êtres humains qui contribuent à
la vie de la société.
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