Chronique ONU

JOUER UN RÔLE PROACTIF DANS LE DOMAINE DU VOLONTARIAT

Par Ad de Raad

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L'article

Puisant dans le savoir autochtone, s'appuyant sur l'entreprenariat social et la solidarité qui existent dans chaque pays, le volontariat contribue à créer des capacités durables. Au Pakistan, par exemple, suite au séisme qui a eu lieu en octobre 2005, le gouvernement a créé un mouvement national de volontaires avec le soutien du Programme des Volontaires des Nations Unies pour canaliser la participation massive spontanée des citoyens aux activités de secours et de réhabilitation dans la préparation à long terme des catastrophes. Autre exemple : le centre de crise Bina Mandiri à Banda Aceh dévastée par le tsunami en Indonésie, où les VNU ont mobilisé des groupes de volontaires locaux pour participer aux activités du centre en apportant un appui et des conseils.

À la tête du projet " Jeunes volontaires dans la préservation du patrimoine culturel ", à My Son, au Vietnam, un site du patrimoine culturel mondial de l'UNESCO, Nguyen Cong Khiet (au centre), Volontaire de l'ONU, organise des activités avec les jeunes locaux afin de préserver les vestiges et les temples du Champa.
PHOTO © HORST WAGNER/UNV
Chaque jour au Kenya, des communautés collaborent suivant une ancienne tradition africaine appelée Harambee, qui signifie " tous pour un " en swahili. Elles s'aident à faire les récoltes et à construire des maisons, des écoles rurales et des services de santé dans les régions les plus reculées du pays. Ce même phénomène est appelé gotong royong en Indonésie, shramadana en Inde, mingu dans les pays andins et al taaun wal tawasul dans de nombreux États arabes. Partout, les femmes et les hommes s'investissent et travaillent ensemble pour aider leur communauté à se développer. Ils font rarement la une de l'actualité, mais leur impact est important. Ce sont des volontaires. Le volontariat constitue une force formidable de transformation qui, s'il est bien canalisé, pourrait être un catalyseur du développement. C'est ce qui définit le Programme des Volontaires des Nations Unies (VNU), établi par l'Assemblée générale de l'ONU en 1970. Au cœur de sa mission réside un engagement fort à exploiter le potentiel du Volontariat pour le développement, ou V4D (V for D, en anglais).

Le moment est propice. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont galvanisé un engagement sans précédent pour réduire la pauvreté extrême. Mais il est de plus en plus clair que, dans de nombreux pays, la réalisation des OMD d'ici à 2015 pose un défi sérieux aux gouvernements nationaux, même avec l'appui de la communauté internationale. Au rythme actuel, les progrès seront insuffisants. Nous ne pourrons atteindre les objectifs avant la date butoir et sauver des millions de vies et de moyens d'existence que si les citoyens du monde entier, par le biais du volontariat, se les approprient et utilisent leur ingénuité et leur créativité pour combattre la pauvreté extrême. Le V4D favorise le renforcement des capacités, l'inclusion, l'autonomisation et l'appropriation. C'est une ressource qui, si elle est correctement utilisée, peut se renouveler indéfiniment.

Les capacités développées par le volontariat sont une base importante d'une " organisation libre des citoyens ", un terme proposé par le prix Nobel de la paix, Amartya Sen, pour désigner les opportunités offertes aux individus pour être des " agents du changement ". Comme il le suggère, l'exercice de l'action volontaire dans les sphères politiques, économiques et sociales est au cœur du développement. Le volontariat peut influencer toutes les formes d'action volontaire. Dans la sphère politique, il sert à former de bons citoyens, à éduquer les gens à la participation démocratique et à fournir une plate-forme aux parties prenantes, en particulier celles qui sont souvent tenues l'écart, pour participer aux processus de prise de décision et de gouvernance. Le dialogue sur la gouvernance environnementale soutenu par les VNU dans les communautés rurales dans trois pays le long du Mékong est un exemple. Ces volontaires aident à promouvoir la collaboration entre les communautés et le gouvernement local pour aborder l'utilisation inadéquate des eaux du fleuve et lancer des initiatives communautaires afin d'assurer une gestion durable des ressources naturelles du fleuve. À Nairobi, les Volontaires de l'ONU ont travaillé aux côtés des résidents de taudis pour améliorer leur capacité à s'organiser afin de mieux représenter leurs intérêts auprès des autorités locales et pour mobiliser l'action volontaire dans ces lieux.

En Zambie, une volontaire renseigne une femme locale sur le sida.
PHOTO ONU

Le volontariat stimule aussi le développement dans la sphère économique. Il aide les gens à acquérir des compétences et à trouver un emploi et contribue à créer des opportunités génératrices de revenus. Il est fondé sur le même principe que le succès de la microfinance pour réduire la pauvreté : la confiance mutuelle est un gage essentiel, les familles pauvres peuvent s'entraider à surmonter la pauvreté, elles en ont la capacité, mais elle n'est pas exploitée. Les synergies sont aussi évidentes en Zambie, où les Volontaires de l'ONU aident les femmes des groupes de microcrédit à coordonner une action directe pour lutter contre le VIH/sida dans leur communauté.

En donnant aux gens les moyens d'être des agents du changement, en particulier ceux qui sont traditionnellement exclus de la prise de décisions qui affectent leur vie, le volontariat encourage l'autonomisation et l'appropriation collective. Chaque action volontaire, tout en étant spécifique, a un impact systémique. Par son biais, les plus défavorisés mettent en place des réseaux sociaux qui contribuent à la croissance du capital social, facteur essentiel pour assurer la stabilité et la cohésion des communautés et une ressource permanente pour le développement. Alors que les bénéfices à long terme du volontariat sont connus et largement reconnus, celui-ci est étonnamment sous-évalué et sous-utilisé. Les VNU s'attachent à fournir le maillon manquant : le lien délibéré et systématique entre le volontariat et le développement.

La stratégie des VNU comporte trois volets :

La mobilisation des volontaires pour le développement et la paix. Chaque année, près de 8 500 femmes et hommes qualifiés, expérimentés et dévoués, originaires de 170 pays travaillent dans plus de 140 pays à titre de volontaires de l'ONU; 76 % viennent du Sud et travaillent à l'étranger ou dans leur propre pays. De plus en plus, les VNU aident les pays à développer des capacités pour mobiliser des volontaires. La Bolivie est un exemple réussi, où les VNU, dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, ont aidé à mobiliser plus d'un millier d'étudiants - dont la moitié étaient des femmes - pour aider 175 municipalités. Dans les Balkans, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme VNU ont lancé un programme d'échange entre des jeunes de différents pays afin de promouvoir la confiance et la cohésion sociale. Le Programme VNU gère également un Service du volontariat en ligne qui met les volontaires en contact avec des organisations de développement sur Internet. Depuis sa création en 2000, plus de 9 000 volontaires de 170 pays - 40 % sont originaires des pays en développement et 60 % sont des femmes - ont partagé leur expertise technique et leurs conseils avec de nombreuses organisations hôtes. En République unie de Tanzanie, par exemple, une organisation non gouvernementale œuvrant à la prévention du HIV/sida a reçu le soutien de plus de 120 volontaires en ligne qui ont aidé au développement de compétences, fourni des contacts institutionnels internationaux et du matériel d'information qui n'était pas disponible dans le pays.

La promotion du volontariat et du développement dans le monde. S'appuyant sur son rôle en tant que point focal de l'Année internationale des volontaires (AIV 2001) et son suivi, les VNU se sont faits les champions du concept du volontariat pour le développement. Ils encouragent l'adoption de politiques nationales et de lois en faveur du volontariat ainsi que la recherche pour déterminer l'impact du volontariat. Ils gèrent également le portail Internet des Volontaires dans le monde, une base de données sur le volontariat dans le monde.

L'intégration du volontariat dans les programmes de développement. Les VNU encouragent les partenaires à intégrer le volontariat dans les programmes de développement et à promouvoir la participation des volontaires dans les activités qui contribuent à la réalisation des OMD. Le Fonds spécial des VNU soutient des activités pilotes innovantes qui démontrent la valeur ajoutée du volontariat.

Le concept de Volontariat pour le développement peut servir à la fois à stimuler et à ancrer le débat sur les mérites et les failles associées aux forces de la mondialisation. Comme le montre l'administrateur du PNUD, Kenal Dervis, dans son livre " A Better Globalization ", le décalage entre le rythme de la mondialisation et le sentiment de la légitimité et de la participation au niveau local demeure un des plus grands défis. La capacité du volontariat à inclure et à responsabiliser un plus grand nombre de parties prenantes peut être un élément important de la réponse, si bien qu'en embrassant les possibilités qu'il offre, il serait alors peut-être possible en 2015 de parler d'un progrès révolutionnaire dans la lutte contre la pauvreté.

Comment devenir volontaire

Le Programme des VNU soutient le développement humain durable partout dans le monde en encourageant le volontariat, y compris la mobilisation des volontaires.

Votre collectivité est le premier endroit à prospecter pour travailler comme volontaire, en adhérant à une des organisations nationales de volontariat actives dans votre pays ou en offrant vos services professionnels à titre gracieux. Les Volontaires des Nations Unies recrutés au niveau national ont une expérience professionnelle d'au moins trois ans. La durée des affectations est normalement de 24 mois. Toutefois, de plus en plus d'affectations ont une durée comprise entre 6 et 12 mois. Pour servir à l'étranger, le programme recrute une grande variété de talents, notamment des professionnels de tous les secteurs et de tous pays, des spécialistes de l'aide humanitaire, des dirigeants industriels et des cadres retraités, des professionnels expatriés originaires des pays en développement et des spécialistes des technologies de l'information. En outre, le Service du volontariat en ligne des VNU relie les organisations de développement et les volontaires sur Internet et soutient leur collaboration en ligne.

(Pour de plus amples informations sur le volontariat des VNU, veuillez visiter www.unvolunteers.org)

Biographie
Ad de Raad est coordonnateur exécutif du Programme des VNU depuis 2004. Ingénieur civil de formation, il a travaillé aux Nations Unies pendant 25 ans, notamment au PNUD, à l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel et au Fonds d'équipement des Nations Unies. Avant de rejoindre le Programme des VNU, il a été directeur du budget au PNUD, à New York.
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