La Deuxième Commission
a continué de s'attaquer aux énormes défis que
sont l'inégalité, la pauvreté et la dégradation
de l'environnement. Nombre de pays se sont dits déçus
du manque de progrès dans les négociations multilatérales
de Doha, organisées par l'Organisation mondiale du commerce
(OMC), qui ont pour objectif d'augmenter la croissance économique
en réduisant les barrières commerciales dans le monde.
L'échec des négociations serait dû au refus des
pays développés d'éliminer leurs subventions
agricoles. Le Secrétaire général de l'OMC, Pascal
Lamy, a dit à la Commission que des efforts politiques importants
étaient nécessaires de la part de l'Europe et de l'Amérique
du Nord pour éviter l'échec du cycle de Doha, lequel
visait à améliorer l'accès au marché des
biens produits dans les pays en développement en réduisant
le protectionnisme agricole. La Commission a adopté une résolution
appelant les pays développés à faire preuve de
souplesse et de volonté politique et à reprendre les
négociations. Un rapport du Secrétaire général
sur le commerce et le développement a également été
présenté, indiquant que le commerce Sud-Sud continuait
de progresser, avec 42 % d'exportations des pays en développement
vers d'autres pays en développement. Le Secrétaire général
adjoint aux Affaires économiques et sociales, José Antonio
Ocampo, a déclaré que la quarantaine de résolutions
adoptées par la Commission contribueraient de manière
significative à éradiquer la pauvreté et à
réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Le changement climatique, un danger de plus en
plus réel
Mais il n'existe toujours pas de consensus
En 2006, les rejets d'oxyde de carbone dans l'atmosphère
par les usines et les voitures ont connu des seuils optimaux. Le
Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat
a déclaré que ces émissions étaient
responsables de l'effet de serre et estimé que les températures
moyennes mondiales augmenteraient de 1,4 à 5,8 °C d'ici
à 2100, entraînant la fonte de la calotte glaciaire
et la hausse du niveau des mers.
Alors que le réchauffement climatique est une question de
plus en plus abordée par les médias et qui fait partie
de la politique générale de nombreux pays, les délégués
de la Deuxième Commission n'ont pas réussi à
obtenir un consensus sur une résolution qui réitère
le soutien aux efforts des Nations Unies pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre. Lors d'une réunion
à Nairobi, au Kenya, d'importantes mesures ont cependant
été prises pour s'assurer que les pays africains bénéficient
de l'introduction des technologies vertes et que les pays en développement
s'adaptent au changement climatique.
Créée suite au Sommet de la Terre, qui s'est tenu
en 1992 à Rio de Janeiro, au Brésil, la Convention-cadre
des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est entrée
en vigueur en 1994. Quelque 189 pays ont ratifié la Convention
qui vise à prévenir le réchauffement de la
planète en réduisant les émissions de gaz à
effet de serre et place en grande partie le fardeau sur les pays
industrialisés considérés la principale source
du problème. Le Protocole de Kyoto, qui s'appuie sur la Convention
et établit des objectifs spécifiques et juridiquement
contraignants pour les pays industrialisés, exige une réduction
totale d'au moins 5 % des émissions de gaz à effet
de serre par rapport aux niveaux de 1990 au cours de la période
d'engagement 2008-2012. Établi en 1997, le Protocole est
entré en vigueur en février 2005, après la
ratification de la Fédération de Russie.
Le texte sur la " protection du changement climatique pour
les générations actuelles et futures " a reflété
les préoccupations internationales concernant le réchauffement
climatique, a indiqué Sufaya Ebrahim Zia, de la Mission permanente
de l'Afrique du Sud auprès des Nations Unies, dont la délégation
a présenté la résolution au nom du Groupe des
77 pays en développement. Il mentionne les divers efforts
menés par les organismes de l'ONU pour traiter l'évolution
du climat, tels que le Protocole de Kyoto et ses " mécanismes
souples ", notamment le mécanisme pour un développement
propre (MDP) par lequel les pays industrialisés peuvent obtenir
des " crédits d'émission de carbone " qui
les aident à respecter leurs propres engagements pris dans
le cadre du Protocole en investissant dans un projet d'un pays en
développement afin de réduire les émissions
de carbone. Par exemple, le Conseil municipal du Cap, en Afrique
du Sud, a installé des chauffe-eau et des lampes solaires
à basse consommation et isolé les plafonds dans 2
300 habitations à bon marché. Les toits isolés
permettent de réduire la quantité de poussière
et d'améliorer la qualité de l'air à l'intérieur
en utilisant moins les poêles au kérosène. Le
projet permet d'améliorer l'efficacité énergétique
ainsi que la santé des résidents et de réduire
les émissions de carbone. Il génère également
des emplois pour les travailleurs locaux, qui installent et assurent
l'entretien des lampes, des plafonds et des chauffe-eau solaires
produits localement. Les premiers 10 000 crédits carbone
générés par le projet ont été
vendus au Royaume-Uni en 2005 à raison de 15 euros l'unité
(environ 22,50 dollars).
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Un
projet MDP au Cap, en Afrique du Sud, fournit des chauffe-eaux
solaires aux residents de logements sociaux. Photo/SouthSouthNorth |
Selon Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la CCNUCC,
le MDP a connu un certain succès (plus de 1 000 projets sont
en cours d'approbation), ce qui se traduira par un investissement
de 75 milliards de dollars dans les pays en développement.
Dans le cadre du plan-cadre de Nairobi, une initiative présentée
par l'ancien Secrétaire général Kofi Annan à
la 12e Conférence des parties à la CCNUCC en novembre
2006, les pays africains recevraient une assistance pour développer
leurs projets MDP. La réunion a été un "
grand succès " car elle a permis de renforcer la confiance
des pays en développement vis-à-vis des efforts menés
par l'ONU pour réduire les changements climatiques, a-t-il
estimé. Autre succès : le " fonds d'adaptation
", qui est destiné à financer des projets, comme
la construction de murs pour protéger les villes côtières
contre l'élévation du niveau de la mer et la restauration
des zones humides pour protéger les régions côtières
contre les tempêtes, alors que les pays font face aux effets
du changement climatique. Le fonds est particulièrement intéressant
car il ne dépend pas de donateurs mais est financé à
l'aide de fonds provenant de projets exécutés au titre
du mécanisme pour un développement propre. Malgré
ces développements positifs, le débat de la Commission
sur la résolution s'est trouvé dans une impasse alors
que les pays n'ont pas réussi à s'entendre sur un texte
commun. L'Union européenne, représentée par la
Finlande, a appelé à voter, puis s'est abstenue. Pour
Mme Zia, ce fut une déception. " Jusqu'à la dernière
minute, nous nous sommes efforcés d'obtenir un document de
consensus. "
Dans une déclaration envoyée par la Mission de la Finlande
à la Chronique ONU, l'Union européenne a indiqué
que cette résolution n'était " pas adéquate
pour répondre à la menace sérieuse posée
par les changements climatiques et qu'elle ne reflétait pas
les actions que nous devons tous prendre pour y répondre ",
considérant qu'elle était un " pas en arrière
" par rapport aux progrès réalisés lors
de la conférence en novembre 2006. Toujours selon la déclaration,
l'Union européenne tenait à souligner l'importance du
processus prospectif pour s'attaquer à la question des changements
climatiques, ce qui était impossible à mettre en uvre
dans le cadre de la résolution. Cependant, l'Union a souligné
le caractère urgent de la question et le rôle central
des Nations Unies, considérant que " le changement climatique
constitue une menace pour la paix, le développement et la prospérité
économique, pas dans l'avenir mais dans le présent.
L'ONU doit être au centre des efforts visant à lutter
contre le changement climatique. "
Pour M. de Boer, l'absence de consensus au sein de la Commission reflète
la " nervosité croissante de la communauté internationale
sur les prochaines mesures qui seront prises pour lutter contre le
changement climatique ". Il a fait remarquer que les discussions
concernant le Protocole de Kyoto après 2012 devraient débuter
bientôt, considérant que les négociations et les
ratifications pouvaient prendre plusieurs années. La clé
du succès du Protocole est d'assurer aux pays industrialisés
de pouvoir respecter leurs engagements de façon rentable, a
souligné M. de Boer, et s'assurer qu'un nouveau cadre sera
propice à l'éradication de la pauvreté et au
développement des technologies respectueuses de l'environnement
dans les pays en développement. Il a appelé les chefs
d'État à faire preuve de leadership, et les Nations
Unies à poursuivre leurs efforts. " J'espère que
le nouveau Secrétaire général fera du réchauffement
climatique une priorité. " |