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Afghanistan:
Sur la voie de la reconstruction
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Photo PAM/Mike Huggins
Les réfugiés afghans, qui avaient trouvé refuge dans les pays voisins, sont de plus en plus nombreux à rentrer en Afghanistan. Mais, en raison de la sécurité fragile ainsi que des conséquences de la sécheresse et d’une économie dévastée, le HCR a mis en garde contre un retour massif immédiat de plus de 3,5 millions de réfugiés. Un grand nombre de ceux qui ont rejoint leur pays - plus de 105 000 en janvier seulement - ne sont pas rentrés chez eux mais se sont installés dans des zones urbaines considérées comme sûres, en particulier à Kaboul et à Harat, ce qui exerce des contraintes supplémentaires sur l’infrastructure et les services dans des villes déjà saturées. Le 15 février, annonçant qu’il allait ouvrir des centres de rapatriement volontaire en Iran et au Pakistan, le HCR a déclaré qu’il était prêt à rapatrier plus de 25 000 personnes au cours des prochains mois et escomptait que, d’ici la fin de l’année, quelque 800 000 réfugiés ainsi que 400 000 personnes déplacées en Afghanistan seraient en mesure de retourner dans leurs foyers.

Le 5 février, le Programme alimentaire mondial (PAM) a lancé un programme de 285 millions de dollars afin de fournir des secours immédiats ainsi qu’un soutien au relèvement et à la reconstruction à long terme en Afghanistan. Pourvoyant aux besoins d’environ 6 millions de personnes, l’Organisation a estimé que ce “programme d’aide alimentaire était le plus vaste, le plus compliqué et le plus dangereux qu’ait mis sur pied le PAM depuis ses presque quarante ans d’existence.” Une distribution de vivres à travers toute la ville de Mazar-e-Sharif a débuté au début de février - la troisième distribution de ce type cette année, après Harat et Kaboul. À compter du mois d’avril, le PAM prévoit d’orienter ses efforts de secours vers la reconstruction, en accordant une attention particulière à l’alimentation scolaire dans le cadre de l’éducation.

L’insécurité et le banditisme continuent de freiner les secours dans de nombreuses régions du pays. Le personnel humanitaire n’a toujours pas accès à trois provinces situées à l’est - Pakhtia, Khost et Paktika. Dans de nombreux districts situés au sud du pays, plusieurs routes nationales sont toujours trop dangereuses pour s’y aventurer. La situation à Mazar-e-Sharif a failli aboutir à l’évacuation du personnel de l’ONU, tandis qu’à Gardez, le personnel local de l’ONU a dû être évacué. Le 15 janvier, un convoi alimentaire du PAM a été arrêté à Aibak, située au nord, sous la menace des armes. Même dans les lieux qui sont considérés relativement sûrs, tels que Harat et Kaboul, la sécurité du personnel humanitaire demeure fragile.

Lors de la Conférence internationale sur l’aide à la reconstruction de l’Afghanistan, qui s’est tenue les 21 et 22 janvier à Tokyo, les Nations Unies ont présenté un cadre de financement. La Conférence de haut niveau, à laquelle ont participé les représentants de 61 pays et de 21 organisations internationales, a démontré l’engagement déterminé des donateurs de la communauté internationale de fournir une aide destinée à la reconstruction. Les participants ont convenu qu’il était urgent de débloquer rapidement des fonds pour assurer le fonctionnement de l’Autorité intérimaire et se sont engagés à fournir plus de 4,5 milliards de dollars, dont la promesse de fournir 1,8 milliard en 2002.

S’adressant aux participants de la Conférence, le Secrétaire général, Kofi Annan, a souligné que les deux préoccupations immédiates étaient d’assurer la sécurité - “la préoccupation numéro un” de tous - et qu’il était impératif que l’Autorité intérimaire ait les ressources nécessaires pour payer les salaires du personnel. “Sans ressources, a-t-il mis en garde, l’Administration perdra vite sa crédibilité et sera incapable d’étendre son autorité dans l’ensemble du pays, minant ainsi les chances d’un processus de paix à long terme.”

Photo PAM/Clive Shirley
Soulignant que les “injections immédiates d’argent au niveau de la communauté”, par le biais de projets de travaux à forte concentration de main-d’œuvre, permettraient au peuple afghan de “partager le dividende de paix”, l’Administrateur du PNUD, Mark Malloch Brown, et le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, Kenzo Oshima, ont demandé à la communauté internationale de “s’assurer que les femmes afghanes, qui souffrent depuis si longtemps de l’exclusion, de mauvais traitements et de la perte de leurs droits, sont soutenues pour qu’elles puissent jouer un rôle important dans la reconstruction du pays.”

La Conférence de deux jours a fourni aux gouvernements donateurs l’occasion d’examiner deux études de l’ONU consacrées aux besoins humains les plus urgents. Préparé avec la collaboration du PNUD, de la Banque mondiale et de la Banque asiatique de développement, le rapport Preliminary Needs Assessment for Recovery and Reconstruction fait état de l’ampleur du défi qui se présente dans un certain nombre de secteurs, tel que la création d’un système médical global, la reconstruction de l’infrastructure et la remise en marche du système bancaire. Selon l’étude, le coût de la reconstruction est estimé à 15 milliards de dollars au cours des dix prochaines années - environ 5 millions pour les deux années et demie à venir, période couvrant l’Autorité intérimaire actuelle et le gouvernement provisoire qui doit suivre.

Lors de la Conférence de Tokyo, l’ONU a présenté son rapport Immediate and Transitional Assistance programme for the Afghan People 2002 portant sur les secours immédiats, la reconstruction ainsi que la réintégration. Les programmes d’impact rapide pourraient permettre de scolariser 1,5 million d’enfants dans les deux prochaines années et ceci dès les six prochains mois. Au total, 100 000 emplois “nourriture contre travail” pourraient être créés et l’eau rétablie dans 15 000 foyers sur une base d’urgence. Selon l’étude, 1,33 milliard de dollars seront nécessaires cette année, dont 237 millions destinés à couvrir les dépenses ordinaires de l’Autorité intérimaire, 376 millions pour les projets d’impact rapide et 736 millions pour l’assistance humanitaire.

Suite à la Conférence, des missions techniques mises sur pied par la Banque mondiale, la Banque asiatique du développement et le système de l’ONU ont effectué des visites sur le terrain afin d’évaluer les besoins immédiats en matière de développement dans les secteurs clés recensés par l’Autorité intérimaire - l’éducation, la santé, l’infrastructure, y compris le réseau routier et l’aviation civile, l’énergie, l’approvisionnement en eau et l’assainissement; l’agriculture et le soutien à la gouvernance locale et au développement centré sur les communautés. Définissant les priorités immédiates, telles que les investissements et la mise en place de capacités ainsi que l’établissement de mesures législatives et réglementaires, les missions formuleront les principes directeurs de la mise en œuvre, y compris un cadre d’action et institutionnel, ainsi que des méthodes pour aborder les questions environnementales, sexospécifiques et d’autres questions sociales.

Le 28 février, à l’occasion du suivi à la Conférence de Tokyo, un nouvel appel international de 1,18 milliard de dollars a été lancé à Kaboul afin d’aider l’Autorité intérimaire à instaurer la paix et la stabilité. L’appel couvre également les coûts renouvelables, dont les salaires des fonctionnaires, les autorités afghanes n’étant probablement pas dans la mesure de collecter des impôts dans un avenir proche. Dans les gouvernements précédents, environ 43 % des fonctionnaires étaient des femmes.

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