La réaction des Nations Unies
Le 11 septembre, plus de 6 000 personnes de 80 pays ont trouvé la mort. Le 12 septembre, lAssemblée générale et le Conseil de
sécurité ont adopté des résolutions fermes sans équivoques, condamnant les actes de haine des terroristes et jurant de traduire en justice les auteurs et
leurs commanditaires. Annulant sa session spéciale sur le suivi du Sommet mondial de lenfance, prévu du 19 au 21 septembre, lAssemblée a également décidé
le 18 septembre de remettre au 5 octobre son débat général annuel de haut niveau qui devait avoir lieu le 24 septembre.
Alors que la Chronique de lONU était en cours dimpression, le Conseil venait de voter une résolution générale concernant le financement des terroristes et
lAssemblée était sur le point dentamer un débat dune semaine sur les mesures à adopter pour éliminer le terrorisme international, avec la participation de 145
orateurs inscrits. Ouvrant le débat, le Président de lAssemblée générale Han Seung-soo (République de Corée) a déclaré que la lutte
contre le terrorisme transcendait les différences culturelles et religieuses. Nous ne devons jamais oublier que le terrorisme nest pas une arme utilisée par une civilisation contre
une autre mais plutôt un instrument de destruction par lequel de petites bandes de criminels cherchent à saper la civilisation.
Dans son discours douverture, le 1er octobre, le Secrétaire général Kofi Annan a souligné quune seule attaque avec une arme nucléaire ou bactériologique
aurait pu faire des millions de victimes. Il a invité les États Membres à poursuivre leurs efforts dans la mise en place dune stratégie étendue, complète
et surtout soutenue pour combattre le terrorisme, faisant remarquer que les Nations Unies occupaient une position unique pour être une tribune afin de combattre ce fléau à
léchelle mondiale. Tout en reconnaissant la complexité du problème, il leur a demandé de signer, de ratifier et de mettre en œuvre sans tarder toutes les conventions existantes sur le terrorisme et de conclure un accord sur une
convention complète concernant le terrorisme international.
M. Annan a aussi attiré leur attention sur les victimes, que ce soit des personnes directement ciblées ou des populations qui seront affectées par notre action commune et a
demandé aux donateurs dapporter leur appui au récent appel humanitaire lancé par lONU en faveur de lAfghanistan. Mais de même quune réponse internationale
concertée peut rendre plus difficile laccomplissement des actes de terroristes, lunité qui est née de cette tragédie devrait aussi unir toutes les nations afin de
défendre le droit le plus fondamental - celui des peuples de vivre dans la paix et la sécurité.
Avant louverture du débat, le maire de New York, Rudolph Giuliani, sest également adressé à lAssemblée, demandant que les Nations Unies soient fermes sur cette
question - le terrorisme -. Il a insisté pour que tous les pays qui soutiennent ou abritent le terrorisme soient tenus responsables et a exhorté les États Membres à
mettre des mécanismes à exécution à cette fin.
Le 18 septembre, le président du Conseil, Jean-David Levitte (France), a annoncé que le Conseil avait demandé aux talibans de se conformer à ses résolutions
immédiatement et inconditionnellement, et de livrer le terroriste Ous sama ben Laden.
Le 28 septembre, le Conseil a adopté à lunanimité la résolution 1373 (2001) déclarant que les actes de terroristes, leurs méthodes, leurs pratiques ainsi
que leur financement, leur planification et leur propagande sont contraires aux objectifs et aux principes des Nations Unies. Il a noté avec inquiétude létroite relation qui
existe entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée, les drogues illégales, le blanchiment de largent et le transfert illégal des
matières nucléaires, chimiques, biologiques et autres matières à risque. Il a souligné la nécessité daméliorer la coordination des efforts
afin de renforcer une action mondiale ayant pour but de mettre fin aux menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes de terrorisme et a
exprimé sa détermination de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre cette résolution.
Agissant en vertu du chapitre VII de la Charte de lONU, par lequel il est investi du pouvoir de prendre des mesures pour rendre des décisions exécutoires, le Conseil a
élaboré de vastes stratégies pour combattre le terrorisme et a établi un Comité composé de tous les membres du Conseil afin de surveiller la mise en
œuvre de la résolution, demandant à tous les États de faire un rapport, dans les 90 jours qui suivent, des actions entreprises à cette fin.
Selon la résolution, tous les États sont tenus de prévenir et déliminer le financement du terrorisme, de pénaliser la fourniture ou la collecte de fonds
destinés à ces actes ainsi que de geler les avoirs financiers de ceux qui commettent, ont lintention de commettre ou facilitent les actes de terrorisme. Le Conseil a
décidé que les États devaient interdire à leurs ressortissants ou aux personnes vivant sur leur territoire daccorder des fonds, des services et leur appui aux personnes
impliquées dans le terrorisme, prendre les mesures nécessaires pour prévenir les actes de terrorisme et refuser lasile à ceux qui commettent ou soutiennent les actes de
terrorisme. Ils devraient aussi veiller à ce que leur territoire ne serve pas à la préparation dactes dirigés contre dautres pays, à traduire en justice toutes
les personnes qui ont participé aux actes de terrorisme, à sassurer que les actes de terrorisme sont considérés comme des infractions pénales graves dans la
législation nationale et quelles sont sanctionnées en conséquence. De plus, ils devraient sentraider dans les enquêtes criminelles ou les procédures liées
au financement ou au soutien des actes de terrorisme et empêcher le déplacement des terroristes ou de leurs groupes en renforçant les contrôles didentité et de
documents de voyage aux frontières.
Le Conseil a demandé aux États dintensifier et daccélérer léchange dinformations concernant les actes de terrorisme ou le mouvement des terroristes, les faux
documents ou les documents falsifiés, le trafic darmes et les matières à risque, lutilisation des technologies de communication par les groupes terroristes et la menace
posée par la possession darmes de destruction massive. Ils devraient aussi devenir parties aux conventions et aux protocoles pertinents pour combattre le terrorisme. Il a demandé aux
États, en conformité avec le droit international, y compris les normes internationales ou les droits de lhomme, de vérifier, avant daccorder le statut de réfugié,
que les demandeurs dasile nont pas participé à des actes de terrorisme et quils nabuseront pas de leur statut, ajoutant que les raisons politiques ne devraient pas constituer un
motif de refus dextradition des terroristes présumés.